LA PREVENTION des fractures est le premier but d'un traitement anti-ostéoporotique. L'étude publiée aujourd'hui apporte l'espoir d'un nouveau traitement préventif, en montrant que le ranélate de strontium diminue le risque d'apparition d'une nouvelle fracture vertébrale de 49 %, à un an, et de 41 %, à trois ans, chez des femmes ménopausées présentant une ostéoporose constituée.
Bien que les données de comparaison directe manquent, il semble que la réduction du risque soit similaire à celle rapportée avec l'alendronate (47 %), 5 mg de risédronate (49 %), 60 mg de raloxifène (30 %), et l'hormone parathyroïdienne (65 % après 21 mois de traitement).
Dans des mines écossaises.
On connaît le strontium depuis la fin du XVIIIe siècle, où il a été découvert dans des mines écossaises près de Strontian. Les tissus calcifiés et les os, où siège une ostéogenèse importante, captent entre 50 et 80 % de la dose absorbée dans les aliments. Le strontium a été utilisé dès les années 1950 dans l'ostéoporose et, actuellement, le radioélément strontium-89 est donné dans des maladies malignes de l'os.
Un regain d'intérêt pour l'élément tombé en désuétude est venu de deux études menées dans les années 1990, montrant une augmentation de densité minérale osseuse du rachis sous ranélate de strontium.
L'étude de phase III menée par P. Meunier et coll. a consisté à traiter 1 649 femmes ménopausées et présentant une ostéoporose (densité minérale osseuse basse), avec au moins une fracture vertébrale. Pendant trois ans, les patientes ont reçu soit 2 g par jour de ranélate de strontium, soit un placebo. Une supplémentation en calcium et en vitamine D a été assurée à toutes les femmes en commençant entre 2 et 24 semaines avant le médicament.
Des radios vertébrales annuelles et une mesure de la densité minérale osseuse tous les six mois ont été réalisées. L'analyse a été faite en intention de traiter.
Réduction de 40 à 50 % du taux de fractures.
A trois ans, la densité minérale osseuse du rachis après ajustement (nécessaire pour l'absorptiométrie biphotonique en raison du numéro atomique du strontium) montre une augmentation de 6,8 % comparativement aux chiffres du départ. Et on constate une réduction de 40 à 50 % du taux de fractures morphométriques et symptomatiques à un et à trois ans, comparativement au placebo.
Il n'y eut aucun effet sur les fractures périphériques, mais l'étude n'a pas été conçue pour l'étude de ce paramètre. Quant au taux d'effets secondaires, il est similaire dans les deux groupes, strontium et placebo.
Le mécanisme d'action du ranélate de strontium est double : freinage de l'activité ostéoclastique et stimulation de l'ostéogenèse. L'efficacité de traitement vis-à-vis du risque de fractures non vertébrales est actuellement en cours d'évaluation.
« New England Journal of Medicine », 29 janvier 2004, pp. 459-468, et éditorial, pp. 504-505.
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