Le stress multiplie par trois les risques cardio-vasculaires et est largement responsable des troubles musculaires, les plus fréquentes des maladies professionnelles. Les conséquences psychologiques ne sont pas moins alarmantes : environ 10 % des salariés souffrent de dépression, d'anxiété ou de surmenage... sans oublier les 10 000 Japonais qui meurent chaque année à cause du stress au travail.
Que les cyniques qui privilégient les données économiques ne se rassurent pas trop : des statistiques américaines montrent que les entreprises perdent de 200 à 300 milliards de dollars, par an, à cause du stress. Dans l'Union européenne on évalue à 41 millions le nombre de salariés concernés par des problèmes de santé liés au stress au travail, ce coût atteignant annuellement 20 milliards d'euros.
Les mille visages du stress
Ce constat conduit certains, dont Patrick Légeron, à penser qu'il n'est plus possible de laisser se développer cette souffrance humaine et ce gâchis économique. Vaste tâche, car le stress au travail peut emprunter mille visages et pas seulement ceux de la surcharge, de la pression ou de la course contre le temps. Le culte de la performance ou celui du « zéro défaut », les interruptions permanentes, l'invasion des e-mails, et même la réduction du temps de travail, font le quotidien stressant de beaucoup d'entre nous. Sans parler du stress lié aux transports, des frustrations diverses, de la montée de l'incivilité et de l'agressivité, de la dictature du client et de la compétitivité. Même sans en arriver au harcèlement moral ou aux violences psychologiques internes, il n'est pas rare que certains collègues se révèlent difficiles à vivre, qu'ils soient anxieux, paranoïaques, narcissiques, agressifs. Bien entendu, les incertitudes économiques, les changements, les fusions avec les risques courus en matière d'emploi ne font que majorer l'intensité du stress. Force est de constater que l'homme est un stresseur pour l'homme.
Tout le monde doit faire un effort
Ce constat peut paraître démobilisateur, mais Patrick Légeron pense, au contraire, que l'entreprise, comme le salarié, doit tout faire pour gérer ce stress dont on a vu les conséquences potentiellement dévastatrices. Du côté du salarié, une meilleure résistance au stress est possible s'il s'astreint à raisonner différemment (bien souvent, ce sont nos pensées qui produisent le stress) et apprend à s'affirmer face aux autres et à se relaxer. L'ouvrage de Patrick Légeron donne beaucoup de conseils pratiques à ce sujet.
Le rôle de l'entreprise est également déterminant et, au passage, Patrick Légeron égratigne le concept du « management par le stress » : un concept qui entraîne des surcoûts importants (même si la plus grande partie est à la charge de la Sécurité sociale) et qui finit par handicaper l'entreprise, par exemple en produisant un turnover important. Pour le Dr Légeron, les entreprises feraient mieux d'adopter le principe de Hewlett Packard : « Quand les gens se sentent bien, ils travaillent bien. » Cela peut passer par des degrés d'intervention variables mais aussi, dans bien des cas, par un changement radical des mentalités et des comportements.
* Editions Odile Jacob, 382 pages, 21,34 euros.
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