Les rencontres parlementaires « Santé - société - entreprise »

Le stress au travail préoccupe les parlementaires

Publié le 05/06/2001
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Un entretien avec Claude Huriet* et Claude Evin**

LE QUOTIDIEN DU MEDECIN - Comment sont nées ces rencontres parlementaires ?
CLAUDE EVIN - A l'initiative d'Altedia Santé, filiale du groupe Altedia, qui, comme vous le savez, est présidée par Raymond Soubie, nous avons ressenti le besoin, Claude Huriet et moi, de créer un lieu d'échanges permanent sur des questions de santé, lieu d'échanges qui associe des scientifiques, des professionnels de santé intervenant sur les questions de santé publique, sociologues, mais aussi entreprises et partenaires sociaux, sans oublier, bien entendu, les responsables politiques et administratifs, à commencer par les parlementaires qui peuvent être amenés à légiférer et qui, d'une façon plus générale, ont pour devoir d'analyser en profondeur les questions de société.
CLAUDE HURIET - Je dois souligner que ce colloque n'est pas le premier que nous coorganisons avec Claude Evin, puisque, il y a environ dix-huit mois, nous avions construit une réunion de ce type sur le thème de la responsabilité médicale et de l'aléa thérapeutique. Il faut se féliciter de ce partenariat qui réunit les deux chambres et qui transcende le clivage majorité-opposition. D'ailleurs, les conclusions de ce colloque ont inspiré les démarches législatives que nous avons effectuées séparément mais de façon convergente dans ce domaine. On peut simplement regretter que jusqu'à présent ces démarches convergentes n'aient pas suffi pour débloquer le dossier au niveau gouvernemental.

Légiférer n'est pas une priorité

CLAUDE EVIN - Je pense qu'il est effectivement bon que nous puissions réfléchir tous ensemble à des problèmes de santé publique qui préoccupent nos concitoyens, même si nous appartenons les uns et les autres à des courants politiques différents.
Par ailleurs, ce qui vient d'être dit ne doit pas laisser croire que la finalité de ces colloques soit d'aboutir obligatoirement à des initiatives législatives. Cette hypothèse est, bien sûr, envisageable, mais elle n'est pas impérative ou même prioritaire.

L'un des aspects qui me séduit le plus dans ce projet, c'est la permanence des échanges qui est prévue sur les questions de santé que nous avons retenues, car nous les avons identifiées comme étant celles qui préoccupent le plus nos concitoyens.
Il est en effet important de suivre ces questions dans la durée sans se laisser outre mesure guider par la surmédiatisation d'un thème ou d'un autre à l'occasion d'une crise.

Le stress au travail mérite une analyse globale

LE QUOTIDIEN - Pourquoi avoir choisi le stress au travail comme premier thème de ces rencontres ?
CLAUDE HURIET - Je me souviens des travaux de Hans Selye, du nom de celui que l'on peut considérer comme étant le père du concept de stress. Quand je travaillais à la faculté de médecine de Nancy, nous évoquions souvent la réalité de ce concept, notamment avec le Pr Larcan, en réanimation médicale.
Mais, après une période où la communauté médicale prêtait assez peu d'attention à ce concept, on a vu apparaître un phénomène de mode tandis que le mot stress était francisé et banalisé. De fait, le stress tombé en désuétude pendant des années, même si des chercheurs continuaient de se consacrer à la connaissance des mécanismes physiopathologiques de ces processus d'adaptation et à leurs dérèglements possibles.
Si aujourd'hui nous nous intéressons au stress, c'est parce que, d'une part, les connaissances acquises permettent d'affirmer que le stress est lié à différentes circonstances pathologiques et que, d'autre part, l'évolution de nos sociétés est susceptible d'engendrer des stress nouveaux et majeurs, notamment dans le cadre professionnel. Dans ce contexte, il est légitime de parler de problème de santé publique.

CLAUDE EVIN - En effet, un récent rapport du BIT est venu confirmer l'importance de ce phénomène dans les entreprises, dans des circonstances très diverses : on a beaucoup parlé, par exemple, du harcèlement moral, qui est malheureusement une réalité dans certaines entreprises, une réalité méconnue, car on avait jusqu'à présent accordé beaucoup plus d'importance à l'aménagement des postes de travail et aux conditions de la réalisation de ce dernier, en oubliant les facteurs psychologiques.
En outre, il est incontestable que le phénomène de mondialisation et les restructurations qu'il entraîne accroissent le sentiment d'insécurité dans les entreprises, cela à tous les niveaux hiérarchiques, mais pas seulement dans les personnels d'exécution.
Enfin, on ne doit pas oublier que le concept de gestion par le stress a connu son heure de gloire et qu'il n'a pas complètement disparu, ce qui, à mes yeux, est très dommage, car, outre les conséquences du stress sur la santé, il faudrait me démontrer que le stress entraîne une efficacité professionnelle accrue. J'aurais plutôt tendance à penser le contraire.
CLAUDE HURIET - Les quelques exemples que Claude Evin vient d'évoquer montrent que les causes du stress sont multiples et que, en outre, elles dépassent largement le cadre de l'entreprise. C'est la raison pour laquelle nous pensons qu'il était important de faire se rencontrer tous ceux qui ont l'occasion d'observer le stress et ses effets, car nous pensons que leurs expériences sont tout à fait complémentaires, complémentarité indispensable si nous voulons prétendre, non pas prévenir le stress, mais en limiter au maximum les effets néfastes.

* Sénateur UDF de Meurthe-et-Moselle, questeur du Sénat.
** Ancien ministre, député PS de Loire-Atlantique.
(1) AstraZeneca, Pfizer, Wyeth-Lederlé et Santé Vie sont, avec « le Quotidien », les autres partenaires de ces rencontres réalisées avec le concours de « Liaisons sociales magazine » et des Laboratoires Léo.

Le 13 juin à Paris

Le colloque « Stress au travail » se déroulera le mercredi 13 juin, de 9 h 15 à 16 h 45, à la salle Victor-Hugo de l'annexe de l'Assemblée nationale (101, rue de l'Université, 75007 Paris). Pour tous renseignements et inscription, s'adresser à Altedia Santé, 13, rue du 4-Septembre, 75002 Paris ; tél. 01.40.20.98.88, fax 01.40.20.98.89. E-mail : inscriptions@mmconseil.com.

Propos recueillis par le Dr Alain MARIE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6930