DEUX NOTIONS ont constitué la base de la recherche menée par Kathleen I. Pritchard et coll. (Canada) sur la réponse des cancers du sein à la chimiothérapie, selon que la tumeur surexprime ou non le gène HER2.
Tout d’abord dans l’essai randomisé mené au Canada, Mammary (MA.5), chez des femmes non ménopausées atteintes d’une tumeur avec adénopathies, l’association cyclophosphamide, épirubicine et fluorouracile (CEF) a permis d’obtenir des survies sans récidive ou globales (à 10 ans) supérieures à l’association cyclophosphamide, méthotrexate et fluorouracile (CMF). Mais le protocole CEF, outre qu’il est largement plus onéreux, est grevé de nombreux effets indésirables (nausées, vomissements, alopécie, insuffisance cardiaque, leucémie aiguë…).
La seconde notion se fonde sur une hypothèse : l’amplification du gène du récepteur du facteur de croissance épidermique de type 2, HER2, et/ou la surexpression de ses produits, non seulement prédit la réponse au trastuzumab, mais permettrait aussi d’identifier les patientes qui ne répondront pas au protocole CMF et pourront bénéficier d’un traitement à base d’anthracycline.
L’amplification et/ou la surexpression de HER2.
C’est donc pour confirmer cette hypothèse que les médecins canadiens ont réalisé une étude sur des lames fixées dans la paraffine issues de tumeurs de l’étude MA.5. Ils se sont attachés à déterminer l’amplification et/ou la surexpression de HER2 sur ces cellules cancéreuses.
Il apparaît que l’amplification de HER2 est associée à un mauvais pronostic quel que soit le type de traitement. Chez ces patientes, CEF s’est montré supérieur à CMF sur la base de la survie sans récidive (risque relatif : 0,52) et de la survie globale (RR : 0,65). En l’absence d’amplification de HER2, le protocole CEF n’a amélioré ni la survie sans récidive (RR : 0,91) ni la survie globale (RR : 1,06). Enfin, le risque relatif ajusté pour les interactions entre le traitement et l’amplification de HER2 était de 1,96 pour la survie sans récidive et de 2,04 pour la survie globale.
«Qu’elle joue un rôle direct ou indirect, expliquent les auteurs, l’amplification ou la surexpression de HER2 dans le cancer du sein est associée à un bénéfice supérieur du protocole CEF sur CMF… Ces données suggèrent que les patientes dont la tumeur ne montre pas cette amplification ou surexpression de HER2 peuvent être traitées avec le protocole CMF, moins toxique» tandis que les autres pourraient recevoir des traitements intensifs à base d’anthracycline, tels que CEF.
Une explication est proposée par les auteurs. L’association HER2 et sensibilité à l’anthracycline peut être liée à la topoisomérase II alpha. L’amplification de son gène (TOP2A) est connue pour accroître la sensibilité aux anthracyclines, elles-mêmes inhibitrices de la topoisomérase.
« New England Journal of Medicine », 354 ; 20, pp. 2103-2111, 18 mai 2006.
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