LA PRISE EN CHARGE des patientes atteintes d'un cancer du sein récurrent et résistant aux traitements classiques pourrait être améliorée grâce aux travaux d'un groupe américain qui s'intéresse à l'amplification du gène HER-2 dans cette pathologie. L'amplification et la surexpression du gène HER-2 sont détectées dans près d'un quart des cancers mammaires. Meng et coll. (université du Texas, Dallas) ont non seulement mis au point un test de détection de cette mutation, apparemment fiable et très simple à mettre en oeuvre, mais ils ont surtout démontré que le statut HER-2 d'une patiente peut évoluer au cours de sa maladie. Cette découverte a des conséquences importantes : le nombre de femmes pouvant bénéficier des effets ciblés du trastuzumab (Herceptine) pourrait sensiblement augmenter.
Jusqu'ici, le statut HER-2 d'une tumeur était généralement considéré comme stable : il était largement admis que si l'amplification HER-2 n'était pas trouvée dans une tumeur primaire, elle n'apparaîtrait pas au cours de la progression du cancer. En conséquence, les femmes testées HER-2 négatives lors du diagnostic d'un cancer mammaire ne recevaient pratiquement jamais de trastuzumab.
Pourtant, plusieurs études ont suggéré que : 1°) l'amplification de HER-2 peut survenir au cours de la progression tumorale et 2°) les femmes concernées par ce phénomène pourraient retirer un énorme bénéfice thérapeutique du trastuzumab.
Une simple prise de sang.
Meng et coll. ont souhaité vérifier cette hypothèse et testé l'efficacité d'un protocole permettant d'identifier les femmes devant être traitées par le trastuzumab à partir d'une simple prise de sang.
Ce protocole consiste à récupérer des cellules tumorales circulantes dans un échantillon de sang prélevé aux patientes. A partir de ces cellules, il est possible de réaliser une hybridation in situ qui révèle le statut HER-2 des patientes. Dix cellules semblent suffire pour réaliser le test génétique.
Les chercheurs ont recruté 33 patientes atteintes d'un cancer du sein. Chez 15 d'entre elles, l'analyse classique de la tumeur primaire a révélé une amplification du gène HER-2. L'étude de leurs cellules tumorales circulantes a donné un résultat concordant dans 97 % des cas. Chez trois patientes, l'examen des cellules tumorales circulantes ne montrait pas d'amplification HER-2 bien que l'analyse de la tumeur primaire ait donné un résultat positif. Deux de ces patientes avaient été traitées au trastuzumab avant la prise de sang à partir de laquelle les cellules tumorales circulantes ont été isolées. Cette spécificité peut expliquer la discordance observée entre les deux types d'analyse.
Le protocole de détection de l'amplification HER-2 par analyse des cellules tumorales circulante semblant fiable, les chercheurs ont poursuivi leur étude en testant 24 patientes atteintes d'un cancer du sein récurrent.
Un traitement par trastuzumab.
Les tumeurs primaires de ces malades n'avaient pas montré d'amplification du gène HER-2. Il est cependant apparu que neuf de ces patientes avaient acquis l'amplification HER-2 au cours de la progression de la maladie.
Quatre de ces neuf femmes ont reçu du trastuzumab. Ce traitement ciblé a permis d'obtenir une réponse partielle chez deux d'entre elles et une réponse complète chez une troisième.
Compte tenu du petit nombre de patientes qu'elle a inclues, cette étude s'apparente à un essai pilote. Cependant, les résultats obtenus sont extrêmement intéressants. Si un essai de plus grande envergure confirme la sensibilité et la fiabilité du test de détection de la mutation HER-2 présenté par Meng et coll., cet examen pourrait permettre d'identifier un grand nombre de malades pouvant bénéficier de l'effet du trastuzumab.
S. Meng et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée, à paraître prochainement sur www.pnas.org
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