CERTAINES MUTATIONS du gène BRCA2 seraient non seulement associées à un risque accru de cancer du sein et de l'ovaire, mais aussi à une élévation significative du risque de cancers de la prostate, du pancréas, de la gorge et peut-être des os. Telles sont les conclusions d'une étude hollandaise portant sur l'étude de près de 2 000 sujets appartenant à 139 familles de patients BRCA2.
L'impact des mutations altérant le suppresseur de tumeur BRCA2 sur la survenue des cancers du sein et de l'ovaire a été largement analysé et décrit. Plusieurs études ont également suggéré que des mutations du gène BRCA2 pouvaient modifier le risque d'autres types de cancers.
Les limites d'une étude de 1999.
Par exemple, en 1999, le consortium de recherche BCLC (Breast Cancer Linkage Consortium) a publié les résultats d'un travail qui indiquaient que les porteurs d'allèles mutants de BRCA2 ont un risque majoré, par rapport à la population générale, de développer un cancer de la prostate, du pancréas, de la vésicule biliaire, de l'estomac et de la peau (mélanome malin). Cependant, cette étude ne portait que sur des sujets issus de familles BRCA2 dans lesquelles au moins trois cas de cancers du sein et/ou de l'ovaire avaient été diagnostiqués.
Van Asperen et coll. ont émis l'hypothèse que les résultats alors obtenus pouvaient être biaisés par ce mode de recrutement. Ils ont choisi de recommencer un étude similaire en se fondant sur l'analyse de sujets issus de famille à l'histoire médicale moins saisissante.
Les chercheurs hollandais ont sélectionné 139 familles de la base de données hollandaises qui recense les cancers du sein et des ovaires à caractère familial. Dans ces familles, ils ont recruté 1 811 sujets qui étaient porteurs d'une mutation BRCA2 (génétiquement testés) ou qui avaient plus de 50 % de chance d'en être porteur (mais qui n'avaient pas fait de test génétique). Van Asperen et coll. ont ensuite estimé le risque relatif de cancer de ces individus par rapport à celui de la population générale.
Pancréas, prostate, os, pharynx.
Cette analyse les a conduits à conclure qu'il existe dans les familles BRCA2, en plus des risques connus de cancers du sein et de l'ovaire, un risque accru de développer quatre types de cancers : les cancers du pancréas (risque relatif de 5,9), de la prostate (risque relatif de 2,5), des os (risque relatif de 14,4) et du pharynx (risque relatif de 7,3). Une augmentation peu significative du risque de cancer du système digestif a également été observée (risque relatif de 1,5).
En étudiant séparément les données des sujets en fonction de leur sexe, il est apparu que l'impact de BRCA2 sur le risque de cancer du pancréas, de l'os et du pharynx était plus significatif chez les hommes que chez les femmes. Il est par ailleurs beaucoup plus remarquables chez les sujets âgés de moins de 65 ans.
Les auteurs de ce travail attirent finalement l'attention sur le fait que l'augmentation du risque de cancer des os notée au cours de cette étude pourrait avoir été surévaluée : les tumeurs déclarées par les patients de leur cohorte n'on pas pu être analysées et il ne peut donc être exclu que ces tumeurs soit d'origine métastatique, en particulier chez les patientes qui ont par ailleurs développé un cancer du sein ou des ovaires.
C. J. van Asperen et coll., « J Med Genet », vol. 42, pp. 711-719.
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