« NOUS SOMMES le seul pays européen à disposer d'une agence de recherche dédiée au sida et qui mobilise l'ensemble de la communauté scientifique sur la recherche fondamentale et clinique », a souligné le ministre délégué à la Recherche, François d'Aubert, juste avant le conseil d'administration de l'Anrs. Par sa présence auprès d'Anne-Marie Moulin, présidente du conseil d'administration, et du Pr Michel Kazatchkine, directeur de l'agence, il a tenu à apporter « un message fort d'encouragement en faveur de l'activité de recherche que conduit l'Anrs ».
Créée en 1992, pour animer, coordonner et financer les recherches sur le sida, l'agence a élargi ses missions en 1999 aux recherches sur l'hépatite C. Son renouvellement en tant que groupe d'intérêt public (GIP) en janvier 2004 a été l'occasion d'un élargissement de ses missions à l'ensemble des hépatites virales (C et B). Pour mener à bien cette nouvelle mission, le ministère de la Recherche, sa principale source de financement, va progressivement augmenter les moyens de l'agence : 3,5 millions d'euros supplémentaires vont être alloués d'ici à 2006, dont 2 millions prévus en 2005. « Cet effort supplémentaire permettra de développer les programmes de recherche consacrés aux hépatites virales, pour passer de 4,4 à 6,3 millions d'euros en 2006, mais il permettra aussi de maintenir une recherche ambitieuse dans le domaine du sida », note le ministre. Le coût complet du budget du ministère de la Recherche consacré au sida est estimé à 100 millions d'euros. « C'est beaucoup, si l'on compare cette dépense de recherche à celle consacrée à d'autres maladies, par exemple les maladies cardio-vasculaires ou le cancer, qui tuent chacun en France environ deux cents fois plus que le sida », souligne François d'Aubert, avant d'ajouter : « C'est peu si l'on considère les millions de morts à l'échelle mondiale et surtout les effroyables perspectives à dix ou vingt ans, qui peuvent remettre en cause l'équilibre géopolitique de la planète. »
Pour souligner la dimension internationale, notamment en direction des pays en voie de développement - une des caractéristiques prioritaires de l'agence depuis cinq ans -, le gouvernement (ministères de la Recherche, de la Santé et des Affaires étrangères) a souhaité l'entrée d'un nouveau partenaire, l'IRD (Institut de recherche pour le développement), aux côtés des trois partenaires fondateurs du GIP, l'Inserm, le Cnrs et l'Institut Pasteur. « Pérennité, cohérence, multidisciplinarité », ces trois aspects qui font l'originalité de la recherche à l'Anrs devront donc être renforcés au cours de ces six années supplémentaires accordées à l'agence jusqu'à la discussion d'un prochain renouvellement en 2009. Le changement de nom en Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales, à l'ordre du jour de son conseil d'administration, devrait être entériné. Cela montre que « les avancées dans le domaines du sida ont aussi bénéficié à d'autres pathologies, notamment les hépatites », note Anne-Marie Moulin. Le sigle Anrs sera conservé, en raison de sa visibilité sur le plan international.
Stratégie vaccinale.
En 2004, le budget de l'agence s'est élevé à 36,5 millions : 20 % pour la recherche fondamentale, 30 % pour la recherche clinique, 20 % pour la recherche dans les pays en développement, 10 % pour la recherche vaccinale, 5 à 7 % pour la recherche en sciences humaines et sociales, 10 à 13 % sur la recherche sur les hépatites (15 % en 2006). Une des priorités de l'agence demeure la recherche vaccinale, mais, regrette le Pr Kazatchkine, « l'Anrs ne peut pas y consacrer plus de 10 % de son budget ». Il appelle encore de ses vœux une meilleure coordination de la recherche en Europe. La stratégie originale choisie par l'agence est fondée sur l'utilisation de lipopeptides et vise à obtenir une réponse immunitaire à médiation cellulaire. Elle a déjà abouti à des essais de phase II pour deux candidats vaccins (l'un conduit aux Etats-Unis, essai VAC 19, l'autre qui devrait débuter prochainement en France). « C'est le premier essai de phase II en Europe d'un candidat vaccin. Dans trois à quatre ans, cette stratégie pour un vaccin préventif sera évaluée. Si les résultats ne sont pas prometteurs, nous l'abandonnerons », explique le directeur de l'Anrs. « J'espère que dans les deux prochaines années nous pourrons avancer plus vite », conclut-il.
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