LA GAUCHE DIRA que ces 2 % achèvent de discréditer la politique conduite par le gouvernement depuis cinq ans ; la droite affirmera que, de toute évidence, nous souffrons de problèmes structurels hérités de la gestion de la gauche. Mais le futur président (ou la future présidente) devra s’accommoder de notre rythme de croissance, ce qui signifie que toute tentative imprudente d’augmenter les dépenses, et plus particulièrement les dépenses sociales, devra être tempérée par les effets de la conjoncture.
La force des faits.
On peut même ajouter que les promesses dans les deux camps n’ont aucun sens dès lors qu’elles ne seront tenues que si le taux de croissance pour les années qui viennent le permet. Voilà qui réduit à une bien petite dimension le débat électoral d’aujourd’hui. Mais d’abord, comment est-il possible que, dans un contexte de croissance mondiale forte (5 % en moyenne), le score de la France soit aussi médiocre ? Pourquoi, alors que la croissance moyenne en Europe est de 2,5 %, occupons-nous le bas de la fourchette ? Pourquoi l’Allemagne a-t-elle fait, l’année dernière, une meilleure performance que la nôtre ?
Le gouvernement dira qu’il n’a pas achevé la réforme structurelle des règles qui régissent le fonctionnement de notre économie. Il affirmera peut-être que nous continuons à subir le choc de la réduction du temps de travail qui a eu à peu près l’effet d’un nouveau choc pétrolier, en ce sens qu’elle a entraîné dans les entreprises des craintes si vives qu’elles ne se décident pas à embaucher. Mais on ne terminera jamais un débat sur les causes de notre faiblesse économique. Il vaut mieux se demander comment on peut relancer la machine.
C’est difficile. Les cycles croissance-ralentissement, dans une économie mondiale interdépendante, sont imprévisibles : peu de remèdes sont donc de nature nationale. Cependant, on peut s’adapter aux exigences du marché, dans la mesure du possible : il n’est pas question de détruire le réseau de lois sociales qui assurent la sécurité minimale des salariés. On ne saurait donc se mettre au diapason des économies émergentes.
Nous savons que nous devons nos 2 % à la consommation interne ; nous savons aussi que nous sommes en train de perdre des parts de marché puisque notre commerce extérieur a été déficitaire en 2006 de plus de 29 milliards d’euros, alors que l’Allemagne enregistre un excédent extravagant de 900 milliards et se place en tête de toutes les nations exportatrices, y compris la Chine, y compris le Japon. Le secret de l’Allemagne, c’est la continuité d’une politique lancée par Gerhard Schröder et amplifiée par Angela Merkel, avec l’aide des socialistes au sein du gouvernement de coalition. Pour la chancelière allemande, qu’on disait politiquement condamnée quelques mois à peine après son accession au pouvoir, c’est un succès remarquable. Le taux de chômage est certes encore plus élevé outre-Rhin que chez nous, mais il décroît rapidement. Les autres fondamentaux de l’économie allemande sont beaucoup plus sains que les nôtres.
GAGNER DES PARTS DE MARCHE A L'ETRANGER, C'EST LE SECRET DU SUCCES
Or nous ne pouvons pas accélérer la croissance si nous ne nous battons pas sur les marchés étrangers et surtout si nous n’allons pas chercher notre part du gâteau dans les pays qui importent énormément pour s’équiper et, en plus, ont les moyens de payer : la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie.
Pour gagner des parts de marché, la qualité de nos produits, qui est indéniable, ne suffit pas. Il faut des prix plus bas. La politique des gouvernements Chirac a été relativement judicieuse, qui s’est efforcée de diminuer les charges sociales, donc le prix de la main-d’oeuvre. On peut tempêter contre la mondialisation, on peut hurler contre les délocalisations, on peut s’insurger contre le traitement subi par de nombreux et très malheureux salariés, rien n’y fera. Nous ne pouvons créer d’emplois que qualifiés ; cela passe par une bonne formation des salariés et par la fabrication de produits à haute valeur ajoutée.
Des douceurs offertes aux Français.
Ou bien nous réussissons cette modernisation de notre appareil productif ou bien nous continuerons à descendre dans le classement des pays industrialisés.
Ce n’est pas ce que nous propose Ségolène Royal qui a fourni dimanche dernier un catalogue des doléances qui seront satisfaites et continue, dans une période particulièrement sauvage de la compétition économique, à offrir aux Français de petites douceurs pour les réconforter. Ce n’est pas non plus ce que dit Nicolas Sarkozy qui, certes, veut réduire les prélèvements obligatoires de quatre points (sur un total de plus de quarante-quatre) mais sans nous dire comment il va tenir le budget et surtout comment il va augmenter les exportations. Or c’est le fond du débat : si les objectifs sont la hausse du pouvoir d’achat, la création massive d’emplois, un accès plus facile au logement, ce ne sont pas les minima sociaux ni une hausse des petites retraites qui feront le travail, mais des emplois bien payés qui fourniront des recettes sociales plus élevées. Ce n’est pas la consommation, qui finit par se jeter sur les articles importés, mais l’exportation. Car le marché intérieur a ses limites ; si nous achetons plus à l’étranger que nous lui vendons, c’est parce que l’offre française de bonne qualité et à des prix comparables est insuffisante. C’est pourquoi notre cible doit être l’exportation. La situation est assez alarmante pour que le prochain gouvernement mette à plat les dizaines de milliards qui sont consacrées à l’éducation, à la formation, à l’aide aux entreprises, à l’aide aux exportations et pour les redéployer complètement dans l’optique d’un rendement meilleur en termes de ventes à l’étranger et d’emplois qualifiés.
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