LE SORAFÉNIB (Nexavar, Bayer Santé Bayer Schering), premier représentant d'une nouvelle classe thérapeutique dotée d'une action inhibitrice de l'angiogenèse et la prolifération tumorale, est lauréat du prix Galien 2008 dans la catégorie « Médicaments destinés aux maladies rares ». Ce médicament représente actuellement le seul traitement des carcinomes hépato-cellulaires avancés non éligibles à un traitement locorégional. Le sorafénib est un agent antinéoplasique bi-aryl-urée d'origine synthétique, inhibiteur oral multikinases à double mécanisme d'action. Au niveau cellulaire tumoral, le sorafenib agit spécifiquement sur la voie de transduction du signal des sérines-thréonines kinases (système RAF/MEK/ERK). L'inhibition de cette voie bloque la prolifération tumorale par un effet antitumoral direct, anti-RAF et plus particulièrement Raf-1.
Action anti-angiogenèse propre.
Au niveau de l'endothélium vasculaire tumoral, le sorafénib bloque plusieurs récepteurs des tyrosines kinases et en particulier le VGEFR 2 et 3 et le PDGFR bêta, lui conférant ainsi une action anti-angiogenèse propre et, de ce fait, une action antitumorale indirecte.
Actuellement, le sorafénib est indiqué dans deux grandes pathologies tumorales : d'une part, le carcinome rénal avancé après échec d'un traitement préalable à base d'interféron alpha ou d'interleukine 2 ou chez les patients chez qui ces traitements sont considérés comme inadaptés ; d'autre part, le traitement du carcinome hépato-cellulaire pour lequel il a plus récemment obtenu l'AMM.
L'étude pivot qui a permis l'AMM pour le traitement des tumeurs rénales avait inclus plus de 900 patients, après une première étude de phase II sur 190 malades. Ce travail coordonné par le Dr Escudier (IGR Villejuif) avait été mené sur des patients résistant à l'interféron ou l'interleukine 2. La survie sans progression des malades traités par sorafénib était significativement prolongée (5,5 mois contre 2,8). Une stabilisation (84 % des cas) ou une réduction du volume tumoral (de 10 à 61 % des cas) avait été observée dans le groupe sorafénib. La médiane de survie globale s'était établie à 14,7 mois sous placebo alors que les sujets traités par sorafénib étaient plus de 50 % à être encore en vie après un suivi de dix-sept mois. Prenant en compte ces données, les investigateurs de l'étude ont choisi de faire bénéficier du sorafénib les patients sous placebo.
Survie sans progression et survie globale.
L'AMM dans le traitement des carcinomes hépato-cellulaires a elle aussi été obtenue après un programme clinique qui incluait des études de phase II et III. Toutes deux ont montré une majoration du temps médian de progression, de la médiane de survie sans progression et de la survie globale chez les patients sous sorafénib. L'étude de phase III a été suspendue en cours de réalisation en raison des bons résultats obtenus chez les patients sous sorafénib : réponse partielle chez 2,3 % des malades, délai de progression majoré (5,5 contre 2,8 mois), durée médiane de survie atteignant 10,7 mois (contre 7,9 dans le groupe placebo).
L'ensemble des études cliniques montre que la tolérance du sorafénib est assez bonne ; à signaler des effets secondaires gastro- intestinaux (notamment diarrhée) et dermatologiques ; la fréquence des accidents hémorragiques n'a pas été augmentée par rapport au placebo.
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