LE NOMBRE élevé d'événements cardio-vasculaires à un an témoigne du poids de l'athérothrombose chez les patients en ville :
– un patient sur sept a été frappé d'un événement grave : infarctus du myocarde ou AVC ou hospitalisation pour une complication de l'athérothrombose, comme une ischémie coronaire, un AIT ou une artérite des MI ;
– les patients souffrant d'artérite des membres inférieurs ont 20 % de risque de décès, d'infarctus du myocarde ou d'AVC ou bien d'hospitalisation pour une raison cardio-vasculaire dans l'année ;
– un résultat concerne les patients polyartériels (cerveau, coeur et jambes) : par rapport à ceux qui ont un seul territoire affecté, leur risque augmente proportionnellement au nombre des territoires atteints. Il est de 5 % pour les patients qui ont seulement des facteurs de risque, de 13 % pour ceux qui n'ont qu'un seul territoire atteint, de 22 % pour deux territoires et de 26 % pour trois territoires atteints.
Donc, on note que, chez les patients n'ayant pas d'atteinte artérielle déclarée (pas d'antécédents coronaire, cérébro-vasculaire ou artériel périphérique), mais des facteurs de risque multiples (tabagisme, hypercholestérolémie, diabète, HTA), le risque d'événement cardio-vasculaire ou d'hospitalisation pour cette raison dans l'année est tout de même de 5 %. Le nombre important d'événements cardio-vasculaires relevé à un an «indique que des efforts soutenus sont nécessaires en prévention secondaire pour obtenir une amélioration sur l'évolution clinique». A cet égard, on ne peut que souligner l'intérêt des initiatives destinées à augmenter l'adhésion de ces patients aux recommandations fondées sur des preuves et leurs observances aux traitements.
Les résultats ont un intérêt aussi sur la conception que l'on peut avoir de la maladie. La forte association trouvée entre les localisations multiples et les taux d'événements devrait faire considérer l'athérothrombose comme une maladie artérielle globale et non comme une addition d'atteintes d'organes (qui ne concernerait donc qu'une seule spécialité médicale à la fois).
Le registre Reach.
Le registre Reach (Reduction of Atherosclerothrombosis for Continued Health) a été mis en place à l'échelle internationale avec l'objectif principal d'améliorer la prise en charge des patients souffrant d'athérothrombose – accident vasculaire cérébral, atteinte coronaire, artérite des membres inférieurs – et des patients à multiples facteurs de risque, qui présentent un risque élevé de développer une athérothrombose. On sait que ce type de pathologies représente la première cause de mortalité à l'échelle mondiale et que sa prévalence est en augmentation.
Dans le registre Reach ont été inclus plus de 68 000 patients volontaires dans 44 pays, représentant six régions : Amérique latine, Asie, Moyen-Orient, Australie, Europe et Amérique du Nord. Plus de 5 000 médecins ont participé.
L'équipe de cardiologie de l'hôpital Bichat - Claude-Bernard et les investigateurs de Reach se sont intéressés à la population des patients communautaires, ceux qui viennent en ambulatoire en consultation externe, pour bien faire une distinction avec les patients hospitalisés, ainsi qu'avec ceux qui sont inclus dans les études cliniques. Ce sont des patients tout-venant, stables et traités avec les protocoles actuels.
Reach a été utilisé aussi pour faire une description précise du type d'atteinte artérielle chez chaque patient et de l'impact de la maladie. Les patients ayant une athérosclérose présentent en réalité un nombre important de sites où peut se produire une thrombose artérielle. Certaines localisations sont symptomatiques, mais il y en a aussi beaucoup d'autres qui sont asymptomatiques. D'où la notion d'une maladie globale, soulignée par les investigateurs qui rappellent que l'athérothrombose survient lorsqu'un thrombus se forme sur une plaque d'athérome rompue dans la paroi d'une artère. Et que c'est le processus commun qui relie les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux et l'artérite des membres inférieurs.
« Jama », 21 mars 2007, pp. 1197-1206.
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