Le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics (SNAM-HP) se démarque des autres syndicats de praticiens hospitaliers (PH), qui focalisent à tort leur discours, selon le SNAM, sur la question de la réduction du temps de travail (RTT) à l'hôpital.
« Notre ligne de conduite est différente, explique le président du SNAM, le Pr Claude-François Degos. Nous sommes davantage préoccupés par les problèmes de démographie médicale dans leur ensemble que par le fait de savoir si on aura nos 20 jours de RTT d'ici à la fin de l'année. » La démographie est déficitaire pour trois raisons majeures, analyse le Pr Degos : le déficit de titulaires sur environ 1 400 postes, l'insuffisance du numerus clausus et les mauvaises conditions de travail à l'hôpital qui font fuir les médecins. Les récentes mesures sociales et européennes, en contribuant à diminuer le temps médical à l'hôpital, accentuent encore le déficit, poursuit le président du syndicat. Face à ce problème, le SNAM affiche une « volonté ferme » : il « n'acceptera jamais de sacrifier la qualité des soins », et, en conséquence, demande que seules les personnes réellement compétentes soient recrutées pour renflouer les effectifs. « Cela prendra un certain temps, concède le Pr Degos. Voilà pourquoi, à la différence des autres syndicats, nous ne demandons pas tout, tout de suite. »
Le noir précédent
des infirmières
Les responsables du syndicat pensent que le problème de la pénurie médicale va suivre le même scénario catastrophe que celui des infirmières. Pour le Pr Degos, le déficit d'infirmières a été organisé par manque de prévoyance. « Il n'y a pas de pénurie comme on le dit parfois, les infirmières sont au nombre suffisant, pense-t-il. Seulement, elles sont intelligentes, elles travaillent de plus en plus par intérim. Mais comme cela coûte cher, l'hôpital, à partir de septembre, n'a plus de sous pour les payer, donc les salles ferment. »
Il risque de se passer exactement la même chose pour les médecins, anticipe le Pr Degos : « Ils vont se mettre sur le marché aux enchères, en n'acceptant plus que les postes de contractuels. » Avec le risque de la fermeture d'un plus grand nombre de services ou d'établissements, faute d'argent pour les payer. Et donc l'allongement des délais pour les opérations programmées.
Pour éviter cela, il faut rendre son attractivité à la carrière de PH. Voilà pourquoi le SNAM exige des compensations financières équitables durant le temps de mise en application des nouvelles dispositions partout où elles ne pourront être immédiatement adaptées aux situations locales.
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