GÉNÉRALISER UN C RÉMUNÉRÉ environ 50 euros en secteur I ?
Le projet est «provocateur», de l'aveu même du président du Syndicat des médecins libéraux (SML), jamais avare d'idées qui dérangent. Mais le Dr Dinorino Cabrera n'en démord pas. Pour sortir du «marasme» conventionnel et de la logique «perdant-perdant» qui consiste à négocier chaque année, au prix de longs bras de fer avec la CNAM, «un euro de rattrapage» sur le C, il est urgent de «changer de paradigme». D'où le projet avancé par le SML d'un «nouveau contrat» entre les médecins libéraux, l'assurance-maladie et les patients : il permettrait de diminuer les volumes de consultations en contrepartie d'un acte plus long «à haute valeur médicale ajoutée» et rémunéré comme tel, en l'occurrence plus de deux fois le tarif actuel du C ...
23 euros, c'est déjà dépassé !
Troquer de l'activité contre des revalorisations : le discours, au SML, n'est pas neuf. Depuis quelques années déjà, le syndicat essuie les plâtres sur ce terrain. Mais loin de reculer, il change aujourd'hui de braquet.
Pour justifier sa demande d'une consultation médicale à 50 euros (le combat pour le C à 23 euros étant «dépassé, ridicule»), le SML n'hésite pas à mettre en avant les marges «considérables» d'économies sur des sujets délicats : consultations «inutiles, alimentaires», actes qui pourraient être délégués à des auxiliaires médicaux, taux conséquent de revoyure, ordonnances à rallonge, prescriptions « mécaniques »...Exemples ? «Face à des troubles du sommeil, le médecin a souvent deux solutions, explique le Dr Cabrera. Prolonger l'interrogatoire ou prescrire des hypnotiques. Une consultation plus longue a un intérêt évident.»
A 22 ou 23 euros, ajoute-t-il, «on ne fait pas une consultation cohérente, il manque des bouts. Le médecin généraliste doit faire vite, il devient un bien de consommation courante de supermarché...».
Pour le SML, un acte médical plus rare mais fortement revalorisé permettrait au médecin (généraliste comme spécialiste clinicien) de se concentrer sur son «coeur de métier» lui permettant de mieux répondre «à la demande de qualité» des patients. «Une telle valeur permettrait au praticien d'écouter, de diagnostiquer, d'avoir une approche clinique approfondie, de faire de la pédagogie sur la prescription, de conseiller, de faire de la prévention, de limiter les hospitalisations au profit du maintien à domicile et d'organiser la coordination des soins avec les autres professionnels de santé afin de dégager du temps médical», énumère le président Cabrera.
Le schéma idéal pour le SML serait la généralisation immédiate de ces consultations longues «dignement honorées» (plutôt que des forfaits qui «déresponsabilisent») .
Conscient que le C à 50 euros n'a guère de chances de surgir du jour au lendemain, le SML suggère d'utiliser les «expérimentations» autorisées par la loi .
Le projet pourrait ainsi être testé «sur des créneaux horaires programmés» ou pour «certaines pathologies» dans le cadre des futurs contrats individuels à adhésion volontaire. Une «partie significative» de l'exercice devra être concernée, plaide le SML. Ces contrats stipuleraient les engagements mesurables de qualité, mais aussi de modération d'activité «à définir». Au-delà, c'est une nouvelle approche de la relation «médecin-patient» que le SML cherche à promouvoir.
Quel accueil la profession et les pouvoirs publics réserveront-ils à ce projet ? Le Dr Cabrera est conscient de «mettre les pieds dans le plat», mais il estime lancer le débat à un moment stratégique : les médecins libéraux sont «au taquet en termes d'horaires», la délégation de tâches et la coopération interprofessionnelle ont le vent en poupe (lire encadré) et la vie conventionnelle est «à bout de souffle». Autant de raisons qui justifient un big bang...
Nouveau pataquès à la CNAM
La réunion de la Commission paritaire nationale (CPN) de la convention des médecins libéraux, qui était censée examiner les thèmes 2009 de la formation professionnelle conventionnelle (FPC) et l'installation des commissions paritaires locales, a accouché d'une souris et d'un nouveau pataquès. Le syndicat de médecins généralistes MG-France s'est présenté à la CNAM avec une délégation «élargie» à divers experts – présidents du Syndicat des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), du Syndicat des jeunes généralistes (SNJMG), représentants de syndicats de spécialistes et chirurgiens (UCCMSF, UCDF) –, provoquant le courroux de la CSMF qui a demandé la suspension de la réunion (qui s'est poursuivie de façon informelle). Selon le SML, il convient de «fixer clairement les règles» en matière de composition des délégations syndicales, faute de quoi toute décision sera «impossible». Une réunion des parties signataires est programmée le 23 avril afin de lister les sujets de la négociation conventionnelle. Le lendemain, 24 avril, les syndicats médicaux et l'assurance-maladie doivent installer la commission paritaire nationale FPC, afin de lancer le prochain appel d'offres.
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