A L'ORIGINE DU CONCEPT de conclave, le Dr Dinorino Cabrera souhaitait éviter à tout prix une « discussion marathon ». Le président du Syndicat des médecins libéraux (SML) a été servi. A l'issue des deux jours et demi du séminaire qui a réuni à Jouy-en-Josas les représentants des cinq syndicats de médecins libéraux et l'équipe de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam), il ne pouvait que regretter la tournure prise par les débats : « Les négociations n'ont pas avancé, il y a eu beaucoup trop d'interférences dans les discussions. J'ai l'impression que le directeur de l'Uncam dispose d'un mandat trop fermé. »
Selon le Dr Cabrera, les négociations ont été trop souvent interrompues par les « coups de fil » sans que ces interventions ne permettent au final de trancher la question des dépassements d'honoraires des médecins spécialistes. Le relevé d'étape signé par les cinq présidents de syndicats de médecins libéraux ne satisfait pas pleinement le Dr Cabrera. Le texte précise bien que 500 millions d'euros devront être reversés dans les deux ans aux médecins généralistes et spécialistes, mais, pour le président du SML, le compte n'y est pas. « Je lance un signal d'alerte rouge à l'Uncam et au gouvernement. Aujourd'hui ce que l'on met sur la table ne suffit pas. Les médecins spécialistes veulent pouvoir baisser leur activité en obtenant un espace de liberté tarifaire raisonnable », lance le Dr Cabrera. Le SML souhaite qu'environ un tiers de l'activité des médecins spécialistes puisse être effectué en honoraires libres. Vendredi dernier, l'Uncam semblait vouloir limiter la part de ces dépassements à 20 % de l'ensemble des consultations et en plafonner le montant.
Faisant allusion au mouvement national de grève des médecins spécialistes, le Dr Cabrera souligne que les syndicats gardent aussi leurs « bataillons en réserve ». « J'espère que nous n'aurons pas à les mobiliser car l'intérêt des médecins, des caisses et du gouvernement est d'aboutir à un accord », prévient-il. Le président du SML s'en est pris à « certains, assis à la table des négociations, qui regardent du côté de Barcelone » : « On ne peut pas jouer aux pompiers et mettre le feu », a-t-il commenté. Jugeant la situation actuelle « explosive », il demande que le directeur de l'Uncam dispose d'un « mandat ouvert » - comprendre une plus grande lattitude - dans les négociations qui reprennent jeudi. Le président du SML reste persuadé qu' « un accord est possible ». Il ne serait d'ailleurs pas fâché de pouvoir en soumettre les clauses samedi aux adhérents du SML à l'occasion de l'assemblée générale du syndicat.
« Le médecin traitant doit remplacer le référent »
Dinorino Cabrera plaide pour l'abandon de l'option de médecin référent : « L'option de médecin traitant doit remplacer celle de médecin référent, il est hors de question de faire cohabiter les deux systèmes. Si certains rêvent de le faire, il faut qu'ils se réveillent. » Une allusion à peine voilée à destination de MG-France, qui réclame le maintien de l'option référent ouverte en 1998. Le président du SML ne veut pas que puissent naître « des jalousies » comme il en existe depuis 1981 entre les médecins des secteurs I et II.
« Cela ne me gêne pas d'étendre l'option de médecin référent à tous les médecins, ironise le Dr Cabrera, mais le coût d'une telle mesure s'élèverait à 2,3 milliards d'euros. »
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