« Abracadabrantesque. » C'est ainsi que le Syndicat des médecins libéraux (SML), parodiant le chef de l'Etat, qualifie la situation dans laquelle se trouvent aujourd'hui les médecins. Une situation dont les candidats à l'élection présidentielle ne semblent guère avoir pris la mesure, estime ce syndicat pour qui la santé « est étrangement absente du débat politique ».
Souhaitant que l'avenir du système de santé soit au contraire l'objet d'un débat public « aussi large et transparent que possible », le SML avance un certain nombre de propositions pour « faire renaître de ses cendres le système conventionnel ».
Car c'est bien, selon lui, le dévoiement progressif du contrat liant les médecins aux caisses d'assurance-maladie qui est à l'origine de la crise que traversent actuellement les professionnels de santé. Sous l'effet des problèmes économiques de la fin des années soixante-dix, « l'approche budgétaire a réduit la négociation conventionnelle à une négociation budgétaire dont l'objectif est toujours de compenser la progression de la demande de santé par une diminution de la valeur des actes ».
La maîtrise comptable ayant toutefois été un échec, le SML propose une refondation du partenariat conventionnel dans lequel chaque partenaire assume ses responsabilités, y compris économiques, sans toutefois que les médecins soient forcément « les boucs émissaires de tous les dysfonctionnements du système ».
Cette refondation conventionnelle passe à la fois par un retour à un système de maîtrise médicalisée des dépenses tel qu'il avait été ébauché dans la convention de 1993 et par une revalorisation substantielle des honoraires des médecins, seul moyen de lutter, selon lui, contre la course à l'acte. Dans cet esprit, le SML souhaite que la consultation du médecin généraliste soit portée à 30 euros et que de nouveaux actes soient créés afin d'inciter les patients à avoir un médecin traitant. Il suggère ainsi la création d'un acte de consultation de première intention et d'un acte de spécialiste-consultant de l'ordre de 2,50 C. Ce dernier serait applicable lorsqu'un médecin demande un avis spécialisé à un de ses confrères pour un de ses patients. Ainsi pourrait se constituer une forme de réseau autour du médecin traitant dans lequel le patient conserve toutefois sa liberté de choix.
Enfin, le SML suggère une régulation plus fine de la démographie médicale avec des incitations fortes pour attirer les médecins dans les zones rurales, une réorganisation complète de l'organisation de la permanence des soins dont le financement doit reposer sur les collectivités locales et une révision de la nomenclature des actes qui différencie la consultation du spécialiste selon son contenu et sa discipline.
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