POUR LE SML (Syndicat des médecins libéraux), l'heure n'est pas aux préparatifs de vacances, mais à l'action. Et son président, le Dr Dinorino Cabrera, au lendemain de sa rencontre avec la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, est monté au créneau sur les deux sujets qui lui tiennent actuellement le plus à coeur, c'est-à-dire la permanence des soins et le plan d'économies de la Cnam.
Mais c'est évidemment sur le premier dossier que le patron du SML s'est montré le plus virulent. Dinorino Cabrera semble très remonté contre les caisses qui refusent de payer l'astreinte du samedi après-midi, au motif que la négociation sur son montant n'a pas encore eu lieu. Le samedi après-midi a pourtant été incorporé aux horaires de la PDS par un décret du 28 décembre dernier : «J'ai prévenu Roselyne Bachelot que dans tous les départements où le décret ne serait pas appliqué, il y aurait une grève de la PDS dès le 13juillet prochain, car il n'est pas possible que l'Etat signe des textes et que l'assurance-maladie s'assoie dessus.»
Mais, plus généralement, le patron du SML note que cette situation illustre «l'absurdité et l'incohérence d'un système» dans lequel la PDS est une mission de service public, mais dont la gestion financière relève de la convention médicale. Le Dr Cabrera a donc demandé à Roselyne Bachelot de sortir la PDS du champ conventionnel. Comment seraient, dans ce cas, rémunérés les médecins volontaires, tant effecteurs que régulateurs ?
«C'est très simple, répond Dinorino Cabrera, il suffirait que le prochain Plfss prévoie une enveloppe affectée au financement de la PDS, et on n'en parlerait plus.» Dinorino Cabrera a également demandé à Roselyne Bachelot que, dès le Plfss 2008, la défiscalisation des honoraires de garde soit effective : «On ne pourra pas avoir dans un même centre de régulation un régulateur libéral qui paierait des impôts sur sa part de rémunération provenant des gardes, et un régulateur hospitalier qui n'en paierait pas.» Faute de quoi, Dinorino Cabrera prédit ni plus ni moins la fin du volontariat à brève échéance.
Les pistes d'économies.
Sur le plan d'économies de la Cnam, rendu public après l'avis du comité d'alerte, Dinorino Cabrera a indiqué que Roselyne Bachelot rendrait son arbitrage le 4 juillet prochain, à l'occasion de la réunion de la commission des comptes de la Sécurité sociale. Mais, pour le président du SML, qui note qu'entre «le plan de l'assurance-maladie et le dépassement constaté par le comité d'alerte, il y a un différentiel de 600millions d'euros», il est clair que «la ministre de la Santé ne reprendra pas l'intégralité du plan d'économies des caisses».
Dinorino Cabrera regrette cependant que, dans le plan proposé par les caisses, la note soit spécialement salée pour les biologistes et les radiologues (200 millions d'euros d'économies), et calcule que, pour les seuls radiologues, l'économie à réaliser sera de 20 000 euros par cabinet : «J'ai donc demandé à MmeBachelot d'étudier d'autres pistes», indique-t-il. Mais, bien que la pilule semble dure à avaler, le président du SML ne pense cependant pas que le plan des caisses soit le signe d'un retour complet à la maîtrise comptable : «Le SML ne le pense pas tout à fait, précise le Dr Cabrera, car Roselyne Bachelot nous a répété que la maîtrise resterait médicalisée. Nous ne sommes donc pas dans la rupture, mais nous sommes en crise, a-t-il encore ajouté, et, à cet égard, l'Ondam 2008 sera un indice: il sera soit un gage de confiance, soit un motif d'inquiétude supplémentaire.»
Cabrera répond à Pelloux
Tout récemment, le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, s'est à nouveau exprimé sur les fermetures de lit estivales dans les hôpitaux (« le Quotidien » du 27 juin), jugeant la situation «tendue».
Patrick Pelloux avait également jugé que la PDS ne fonctionnait pas correctement. Ces prises de position ont manifestement piqué au vif Dinorino Cabrera, qui a souhaité répondre à «cet urgentiste spécialiste des plateaux de télévision: la duplicité de Patrick Pelloux m'agace quand il parle. Si l'hôpital est engorgé, c'est qu'il se refuse à réguler ses admissions aux services d'urgence. La régulation est la clé de voûte de la permanence des soins, je ne vois pas pourquoi l'hôpital n'en fait pas autant. En PDS, on régule, mais, si l'hôpital n'en fait pas autant, il ne faut pas s'étonner que les patients préfèrent l'hôpital où ils savent qu'ils seront vus quoi qu'il arrive».
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