Après l'échec du dernier round des négociations conventionnelles, et à l'issue de son AG extraordinaire, le Syndicat des médecins libéraux (SML) a décidé d'appeler les médecins libéraux du secteur I à appliquer un dépassement d'honoraires pour un « quart environ » de leur activité, dans le cadre d'une utilisation élargie du DE (1).
Ce mot d'ordre lancé « en attendant la concrétisation d'un accord conventionnel » s'adresse directement aux spécialistes, dont la consultation est bloquée depuis huit ans.
Sur le terrain, les médecins sont donc invités à consulter en tarifs opposables pour les trois quarts de leur activité et à « dégager des plages horaires dans la semaine » au cours desquelles ils factureront des honoraires majorés d'un DE. « Ce peut-être de 18 h à 20 h un jour, de 8 h à 10 h un autre jour, de 12 h à 15 h, etc. », explique le président du SML, avant de préciser que les médecins « devront informer leurs patients » des plages pendant lesquelles les tarifs opposables sont dépassés. Cette consigne syndicale est présentée comme « un moyen de pression » sur les caisses, le SML souhaitant aboutir à un accord conventionnel « le plus vite possible ».
Mais cet appel au dépassement d'honoraires pour une part non négligeable des actes répond aussi à l'exaspération croissante de nombreux spécialistes installés en secteur I qui brandissent la menace d'actions dures dès janvier. « Je sais que certains spécialistes tirent la langue aujourd'hui et qu'il y a un risque de tomber dans des décisions extrêmes et absurdes comme le déconventionnement, le DE généralisé ou la grève », déclare le Dr Cabrera, qui préfère « canaliser le mécontentement plutôt que de le laisser déborder ».
Sur le fond, le SML exhorte les caisses à « clarifier rapidement leur position » en précisant s'il existe, « oui ou non », des marges de manuvre supplémentaires pour revaloriser les honoraires, notamment grâce aux économies dégagées par les accords de bon usage des soins (AcBUS).
La CNAM a promis qu'elle allait « examiner » dans les semaines à venir certains AcBUS proposés par la profession (et chiffrer les économies potentielles), mais rien ne dit que le résultat sera à la hauteur des attentes des syndicats.
Le Dr Cabrera mesure en tout cas le danger d'un échec. « Si on ne parvient pas à s'entendre au 31 mars, on sera dans une situation de clash, et alors ce sera l'aventure... »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature