LES ACCIDENTS de la route constituent l'une des principales causes de mortalité dans les pays développés. Le rôle de la vitesse et de l'alcool est bien connu. Celui de la somnolence au volant pourrait être, en revanche, très sous-estimé. On estime que des patients qui souffrent des apnées du sommeil, affection dont le principal signe est une somnolence diurne, ont deux à sept fois plus d'accidents qu'un individu de la population générale. Mais comment juger de l'aptitude à la conduite de ces patients apnéiques, particulièrement exposés ? Comment mesurer de façon objective le risque d'accident ?
Le stimulateur de conduite pourrait constituer un instrument d'évaluation facile à mettre en œuvre par des médecins de plus en plus incités à évaluer la capacité de leurs patients à prendre le volant (dans certains pays, c'est même une obligation). C'est en tout cas ce que suggèrent des chercheurs allemands de l'hôpital universitaire Bergmannsheil à Bochum (Allemagne).
Dans l'étude qu'ils publient dans l'« ERJ » (vol. 26, n° 5), ils ont utilisé un simulateur de type CAR (Computer Aided Risk Simulator) qui permet de mettre les patients en condition de conduite monotone pendant 60 minutes, avec une vitesse moyenne virtuelle de 100 km/h. Le dispositif permet de faire varier les conditions climatiques (vent, soleil, pluie, aquaplaning, neige, etc.) et de faire intervenir différents obstacles (animaux, piétons, autres véhicules, etc.).
L'équipe conduite par Maritta Orth a ainsi pu évaluer les performances de conduite de 31 patients souffrant du syndrome des apnées obstructives du sommeil.
L'impact de la PPC sur la sécurité routière.
Les performances au simulateur des patients ont été évaluées à trois reprises : avant traitement, puis deux et quarante-deux jours après la mise en route d'un traitement par pression positive continue (PPC) par voie nasale grâce au port nocturne d'un masque bucco-nasal.
Les résultats avant traitement démontrent clairement que le recours au simulateur est un excellent moyen pour prédire le risque d'accident, contrairement aux tests neuropsychologiques et aux tracés polysomnographiques proposés dans le même temps aux patients. Aucune corrélation n'a pu être mise en évidence entre les performances de conduite et les paramètres neuropsychologiques ou polysomnographiques.
Surtout, l'étude démontre que le traitement par PPC a un impact sur la sécurité routière.
Avant traitement, les patients apnéiques non traités ont eu en moyenne 2,7 accidents (collisions avec d'autres véhicules ou avec des piétons, sortie de route...) et commis 12,4 fautes de concentration. A 42 jours de traitement, le niveau d'alerte s'améliore, tout comme les scores de somnolence et les tracés polysomnographiques. Les performances de conduite sont en hausse et leur amélioration précède même celle des tests : 1,5 accident après 2 jours et seulement 0,9 à 42 ; 6,5 fautes de concentration après 2 jours et seulement 4,9 à 42 jours.
Selon les auteurs, le champ d'application du simulateur pourrait s'élargir à de nombreuses autres pathologies. Déjà testé dans la sclérose en plaques, il permettrait d'évaluer aussi, par exemple, l'effet des traitements médicamenteux sur les performances au volant.
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