La presse, écrite et parlée, est pleine de commentaires sur le « silence » du chef de l'Etat. On ne l'entendrait plus et, au lieu de s'adresser directement aux Français, il laisse Bernadette Chirac parler à sa place.
Il ne nous semble pas que le président et son épouse soient amenés à tenir le même langage ou puissent être considérés comme des porte-parole interchangeables. Si Mme Chirac est populaire, elle aurait bien tort de ne pas en profiter pour servir la cause de son mari. Si Jacques Chirac, dont l'activité diplomatique est tout de même considérable, n'a pas envie de se prononcer aujourd'hui sur la réforme du système de soins ou sur les opérations coup de poing des intermittents du spectacle, c'est son droit le plus absolu.
Les critiques adressées à son silence étaient plus fondées au moment de la canicule qui a fait tant de morts en France. Aujourd'hui, l'actualité la plus forte, en dehors des affaires étrangères, c'est le vote du budget. Qu'est-ce que Jacques Chirac pourrait dire à ce sujet que Jean-Pierre Raffarin et ses ministres ne nous ont pas expliqué ? Tout au plus peut-on penser que les frictions entre la France et la Commission de Bruxelles méritaient peut-être une intervention du président. Rien ne nous dit qu'il ne l'a pas fait discrètement, notamment lors de ses diverses rencontres européennes.
Connu plutôt pour son tempérament impétueux, M. Chirac montre qu'il peut aussi être sage. Ce n'est pas à lui de relever chacune des critiques que l'opposition adresse chaque jour au gouvernement ; et si on décèle des contradictions dans la politique budgétaire, on peut imaginer que M. Chirac, au lieu de nous fournir des explications embarrassées, préfère se taire. On peut aussi penser qu'il croit dur comme fer à l'utilité d'une baisse de l'impôt sur le revenu : s'il n'insiste pas sur un engagement qui aurait donc beaucoup d'importance à ses yeux, est-ce par manque de courage ou parce que la polémique est vaine tant que les effets de la baisse ne se seront pas produits ? Bref, le silence est d'or, s'il ne se prolonge pas indéfiniment.
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