ALORS que les preuves scientifiques sur les méfaits du tabagisme s'accumulent, la consommation de tabac chez les jeunes femmes reste élevée. Le tabagisme féminin est en décroissance, mais sa prévalence chez les jeunes femmes entre 18 et 24 ans a été estimée à 46 % en 2002-2003. Les femmes arrêtent le plus souvent de fumer entre 25 et 34 ans ; 37 % restent fumeuses avant la grossesse, 17 % fument encore au premier trimestre et 14 % au troisième.
Le tabagisme maternel pendant la grossesse augmente le risque de survenue d'accidents gravidiques, comme l'hématome rétroplacentaire et le placenta bas insérés ; de retard de croissance intra-utérin ; de prématurité ; de mort subite du nourrisson ; d'une consommation de soins plus importante pendant la petite enfance.
Le danger du tabagisme passif.
Ces risques impliquent de prendre en compte non seulement le tabagisme actif de la femme mais également son tabagisme passif (compagnon, entourage, milieu professionnel...) avant, pendant et après la grossesse.
Les recommandations issues de la conférence de consensus visent un triple objectif :
- donner à tous les professionnels de santé les outils concrets pour les aider dans leur pratique quotidienne ;
- proposer aux pouvoirs publics des mesures destinées à améliorer la santé de la population et à préserver celle des générations futures dans le respect de la loi Evin, de la loi de santé publique et de la mesure 10 du plan cancer ;
- promouvoir des actions visant à sensibiliser les futurs parents, à modifier en profondeur les comportements, en particulier ceux des jeunes et à « dénormaliser » l'usage du tabac.
Tous les médecins du travail doivent s'impliquer pour faire respecter la loi qui impose de soustraire une non-fumeuse au tabagisme passif, en lui proposant un aménagement ou un changement de poste de travail, voire une interruption d'activité. Ils doivent proposer aux femmes enceintes fumeuses une aide à l'arrêt du tabac.
Noté sur le carnet de maternité.
Un entretien prénatal avec un professionnel de santé est à généraliser au premier trimestre de la grossesse. Il doit porter sur l'environnement quotidien de la femme enceinte en insistant sur tous les facteurs de risque pendant la grossesse et notamment les conduites addictives. Ce tabagisme doit être noté sur le carnet de maternité. La réalité de l'intoxication tabagique est à évaluer par le dosage du monoxyde de carbone (CO) dans l'air expiré.
Beaucoup de femmes enceintes sont motivées par l'arrêt du tabac. Il faut profiter de cette motivation pour instaurer cet arrêt le plus précocement possible et pour le maintenir en post-partum afin de protéger l'enfant du tabagisme passif.
Plus l'arrêt est obtenu précocement et plus les bénéfices semblent importants pour la femme enceinte et le fœtus. Un arrêt à tout stade de la grossesse est cependant bénéfique. A ce titre, les professionnels de santé doivent proposer l'arrêt dès la première visite prénatale et tout au long de la grossesse.
Si les approches psychologiques et/ou comportementales ne suffisent pas, un traitement substitutif nicotinique peut être recommandé pour aider une femme enceinte fumeuse ou qui vient d'acccoucher ou qui allaite. Le bupropion est actuellement déconseillé dans cette indication.
Complications maternelles et néonatales.
Lors de la prise en charge périnatale, il importe, au-delà de la thérapeutique bien codifiée des complications maternelles et néonatales liées au tabagisme, de repérer les femmes qui continuent à fumer jusqu'à l'accouchement sans les culpabiliser. A son arrivée à la maternité, la mesure du taux de CO peut permettre de renforcer la vigilance des professionnels pour diagnostiquer, prévenir ou traiter précocement ces complications.
Après l'accouchement, les professionnels de la naissance doivent être convaincus de leur rôle dans : la promotion de l'allaitement maternel dans tous les cas, y compris chez les femmes sous traitement nicotinique substitutif, et de l'information sur les aides à l'arrêt du tabac pour le père s'il est fumeur, de l'instauration encore possible du sevrage.
En ce qui concerne la prévention générale :
- le statut tabagique devrait être inscrit dans le dossier médical personnel,
- l'exposition du bébé au tabagisme familial doit être consignée dans le certificat du 8e jour et dans ceux des 9e et 24e mois.
Il convient en outre d'apporter une réponse de proximité aux femmes enceintes fumeuses et à leur compagnon en créant des lieux de consultation multidisciplinaire d'aide à l'arrêt du tabac, si possible situés dans les maternités.
Conférence de presse organisée par l'Anaes, l'Association périnatalité prévention recherche information, l'Alliance contre le tabac et les Réseaux français et européens des hôpitaux et maternité sans tabac.
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