LES ASSURANCES PRIVÉES et les mutuelles, soucieuses de la santé de leurs assurés, ne manquent pas de se lancer sur le marché du sevrage. Toutes font la promotion de programmes qui se veulent «innovants» pour en finir avec la cigarette. Le 6 décembre, la Mutualité française a passé un contrat avec l'Office français de prévention du tabagisme (OFT), selon lequel le parcours de santé du mutualiste intègre, désormais, le tabac, indique au « Quotidien » le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l'OFT. Dans cet esprit, la Mutuelle générale, partenaire de référence des groupes France Télécom et La Poste, aux 1,2 million de personnes protégées, propose « un outil de suivi » pour les fumeurs tentés par la repentance, validé par l'OFT. Intitulé « J'arrête, j'y gagne », il s'appuie sur un cédérom, qui sera disponible gratuitement, pendant le mois de janvier, auprès des 104 agences de la mutuelle*. Outre la description des mécanismes de la dépendance et l'énoncé de thérapeutiques fondées sur la substitution nicotinique, l'acupuncture, voire l'hypnose, le cédérom convie le fumeur qui a programmé son « jour d'arrêt » à passer un pacte avec la mutuelle, qui s'engage alors à l'accompagner en lui fournissant une aide par des courriers électroniques (conseils, encouragements). Chez Axa, une opération similaire est en place, sans le concours de l'OFT.
Au cabinet du généraliste.
Aux AGF, on met l'accent sur la méthode Allen Carr : les entreprises qui ont un partenariat avec la société d'assurance sont invitées à dispenser auprès de leurs salariés, pendant une heure ou deux, le message Allen Carr, fondé exclusivement sur la volonté. «Le procédé écarte tout recours aux médicaments», déplore le Pr Dautzenberg, qui tient à faire remarquer que le ministère de la Santé et l'OFT se démarquent d'une telle opération qui rejette la médicalisation «souvent utile pour nombre de fumeurs en difficulté».
Dans le cabinet du médecin de famille, le Dr Philippe Binder, président de Médecine générale et conduites addictives (MGCA), se fait fort de rappeler à ses confrères le b.a.-ba « halte tabac » pour aider les fumeurs. Dans un premier temps, lors d'une consultation ordinaire, quel qu'en soit le motif, il s'agit de poser trois questions au patient :
– «Avez-vous déjà fumé?»
– «Continuez-vous?»
– «N'utilisez-vous que du tabac?»
Ce repérage effectué, si la personne manifeste une quelconque volonté de tourner la page, il convient de lui demander d'arrêter une date, un moment ou une époque, puis de prendre un rendez-vous pour une consultation spécifique qui annoncera le temps de la prise en charge. Parallèlement, MGCA prévoit de dispenser une formation tabac pour les acteurs de la FMC dès 2008 en Poitou-Charentes, Ile-de-France, Auvergne, Franche-Comté et PACA**. A cela s'ajoute un programme d'évaluation des pratiques professionnelles sur le repérage du statut tabagique et le « conseil minimal » (les 3 questions ci-dessus), qui sera élaboré avec 20 réseaux de santé-addictions dans onze régions.
Les chirurgiens-dentistes bientôt partie prenante.
Les quelque 37 000 chirurgiens-dentistes de France seront directement impliqués aussi dans la lutte contre le tabagisme. Leur décret de compétence les range parmi les prescripteurs, y compris de sevrage tabagique, au même titre que les médecins et les sages-femmes. Or la Sécu, qui rembourse depuis le 1er février dernier les timbres, les gommes, les pastilles et les inhalateurs ainsi que les comprimés de varénicline (Champix) ou de bupropion (Zyban), «pour un montant de 50euros par an et par bénéficiaire», n'accorde pas ce forfait à leurs patients. Les choses, toutefois, pourraient évoluer. L'assurance-maladie serait en voie de reconnaître le chirurgien-dentiste comme prescripteur de médicaments participant au sevrage tabagique, précise l'OFT. Ce dernier devrait recevoir dans la semaine une subvention de la Direction générale de la Santé de l'ordre de 15 000 euros pour former les chirurgiens-dentistes à cette pratique.
* www.mg.com.fr.
** prm-addictions.org.
180 euros minimum
Depuis le 1er février, l'assurance-maladie (www.ameli.fr) rembourse, «pour un montant maximal de 50euros par an et par bénéficiaire», les timbres, gommes, pastilles et inhalateurs. Cette prise en charge peut être complétée par les mutuelles ou les assurances complémentaires. La Haute Autorité de santé estime à 180 euros sur 3 mois le «budget minimal» pour le démarrage d'un sevrage. Pour le bupropion (Zyban, GlaxoSmithKline), un antidépresseur utilisé dans le sevrage (3 000 traitements en octobre), le coût est évalué à 280 euros par trimestre. Quant à la varenicline (Champix, Pfizer), qui réduit la sensation de manque par action directe et sélective sur des récepteurs du cerveau, dont 300 000 boîtes ont été vendues depuis son lancement le 12 février, elle revient à 300 euros les 3 mois, au prix recommandé de 62 euros, mais qui peut varier du simple au double selon les pharmacies. Avec 54 000 prescriptions, la varenicline a représenté le quart des 202 000 traitements à l'arrêt du tabac enregistrés en octobre, nombre en progression de 34 % par rapport à la période correspondante de 2006.
Source : OFDT.
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