Fin de vie

Le Sénat repousse la légalisation de l’euthanasie

Publié le 26/01/2011
Comme les députés fin 2009, les sénateurs ont rejeté mardi la légalisation de «l’assistance médicalisée pour mourir». Ces jours derniers, le premier ministre et les deux ministres chargés de la Santé avaient pris position contre la proposition de loi.

170 contre et 142 pour: les sénateurs ont finalement voté contre la légalisation de l'euthanasie dans la nuit de mardi à mercredi. L'ensemble des articles du texte trans-partisan présenté par Jean-Pierre Godefroy (PS), Alain Fouché (UMP) et Guy Fischer (PCF) a ainsi été supprimé, après avoir reçu un premier avis favorable en commission des affaires sociales il y a huit jours, puis un second, négatif cette fois, en début de semaine. La veille du débat, François Fillon s'était opposé à l'euthanasie dans une tribune au "Monde", suivi par Xavier Bertrand et par Nora Berra. L'essentiel de la proposition de loi tenait dans son article premier : "toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable, peut demander à bénéficier (...) d'une assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur".

Le débat qui s’est déroulé en soirée et prolongé dans la nuit a été très animé. Dans l'hémicycle, Xavier Bertrand a invoqué «les malades d'Alzheimer qui ne pourraient plus exprimer leur volonté libre et éclairée».Et, saluant «un débat pas comme les autres», il a plaidé pour le développement des soins palliatifs. Au cours du long débat, des orateurs ont fait référence à Vincent Humbert, jeune tétraplégique que sa mère avait aidé à mourir en 2003: «parce que je ne veux plus vivre des situations comme cela, je veux une loi pour que la société vienne en assistance à la personne qui en a fait la demande (ndr: de mourir)», a déclaré le rapporteur Jean-Pierre Godefroy (PS). Dans le même sens, la centriste Muguette Dini s’est exclamée : «Ne vous arrogez pas le droit de décider à la place de ceux qui, lucidement, ont choisi le moment de mettre fin à leur souffrance. Ne leur volez pas leur ultime liberté», a plaidé la présidente de la commission des Affaires sociales. «Le mérite de ce texte est d'avoir attiré l'attention du gouvernement sur l'insuffisance des soins palliatifs en France», a ajouté Alain Fouché (UMP), l'un des rares à droite à soutenir la proposition. A l’inverse, Jean-Marie Bockel (Gauche moderne, ex-PS) s'est déclaré hostile à la proposition : «Je considère que la loi Leonetti nous suffit. Elle offre des espaces de liberté».

Paul Bretagne (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr