Le sélénium fait l'objet d'études dans la prévention des cancers

Publié le 07/12/2003
Article réservé aux abonnés

Parmi la trentaine de sélénoprotéines, trois d'entre elles jouent un rôle fondamental : la glutathion peroxydase (GPx), antioxydante, participe au maintien de l'intégrité membranaire des cellules ; l'iodothyronine-désiodinase, impliquée dans la formation d'hormone thyroïdienne active ; la thiorédoxine-réductase, qui participe à la protection de l'ADN.

L'intérêt du sélénium (Se) dans la prévention d'affections diverses (cardio-vasculaires, malignes), la sénescence, la modulation de l'humeur, la protection cutanée contre les agressions actiniques... est bien documenté et reste un champ de recherche active.
Peu d'aliments sont riches en sélénium : noix du Brésil, abats, poisson et, selon la nature des sols, céréales. Sa biodisponibilité dépend de la forme ingérée : celle de la sélénométhionine est moins bonne que celle du sélénium ou du sélénate.

La biodisponibilité dépend de la forme

Les formes organiques sont préférables pour une supplémentation médicamenteuse en raison d'une moindre toxicité aiguë. La dose recommandée est de l'ordre de 55 mcg/jour, la dose toxique de 400 mcg/j. En Europe, dans la plupart des pays, exception faite des Pays-Bas et de la Suisse, les apports quotidiens sont faibles (France : de 29 à 43 mcg/j).
Un statut sélénique bas est associé à une augmentation de l'incidence des cancers et de la mortalité associée : hépatocarcinome et cancer de la prostate, notamment.
Le premier essai d'intervention randomisé en double aveugle contre placebo sur la population occidentale a été mené aux Etats-Unis par le NPC (Nutritional Prevention of Cancer) avec l'équipe du Pr Clark chez des patients ayant des antécédents de cancer cutané (hors mélanome). Ils ont reçu 200 mcg/j de sélénium ; la mortalité par cancer a diminué de moitié, l'incidence totale des cancers a été inférieure de 37 % (prostate : - 63 %, côlon : - 58 %, poumon : - 46 %) à celle du groupe placebo. Plus le statut de base en sélénium était bas, plus grand était le bénéfice. Les experts soulignent la nécessité d'un tel essai en Europe du Nord.

Tester une supplémentation

C'est le but de l'essai PRECISE (PREvention of Cancer by Intervention with SElenium), programmé pour tester l'hypothèse selon laquelle une supplémentation peut réduire l'incidence de cancers par rapport au placebo dans la population générale européenne. Des études pilotes menées en Grande-Bretagne et au Danemark ont établi la « faisabilité » d'une telle entreprise ; une étude accessoire de l'impact sur l'humeur et la fonction thyroïdienne a été réalisée dans l'essai britannique.
Aujourd'hui, PRECISE fait l'objet d'une demande de financement en Grande-Bretagne pour l'étude qui doit durer huit ans et recruter 14 500 sujets âgés de 60 à 74 ans. On attend une réduction de 18 % de l'incidence des cancers totaux et de 14 % de mortalité toutes causes.
L'essai SELECT aux Etats-Unis, qui va durer quatorze ans, évalue l'intérêt de la supplémentation de 200 mcg/j de sélénium et de 400 mg de vitamine E chez 32 400 hommes.

Paris, Symposium sélénium, organisé par le laboratoire Richelet Merck,

Une étude en France

L'étude EVA, menée en France chez 1 300 volontaires âgés de 60 à 70 ans, montre une majoration du risque de déclin cognitif chez les sujets qui ont un taux de sélénium plasmatique bas (de même qu'une activité réduite de la GPx). Dans cette population, une corrélation positive entre le niveau d'éducation et le taux de sélénium a été observée ; le taux de sélénium diminue avec l'âge, souligne le Dr C. Berr (INSERM, Montpellier).

Dr Janine DEFRANCE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7441