Il m’a semblé utile de rappeler ici que le secret partagé n’est ni un droit, ni un devoir de chaque médecin vis-à-vis de ses patients. Encadré par le Code de la santé publique, il est une notion précise. En l’occurrence, et conformément à l’article L.1110-4 issu de la loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades : « Afin d’assurer la continuité des soins dispensés au patient ou de déterminer sa meilleure prise en charge sanitaire, des professionnels de santé peuvent être conduits à échanger des informations concernant ce malade. Ce partage d’informations n’est possible qu’en l’absence d’opposition du patient dûment averti. »
Dans une lettre datée du 15/05/1998, le Conseil National de l’Ordre des Médecins stipule notamment : « (...) Tout échange d’informations médicales, entre soignants, nécessite le consentement "éclairé, explicite et exprès" du patient. ». Ainsi, il appartient à tout praticien de santé de recueillir le consentement du patient avant de communiquer des données à un confrère. Cette obligation est absolue, formelle et incontournable de la part du médecin de ville. Elle s’avère plus relative dès lors qu’il s’agit d’une pratique hospitalière avec l’équipe soignante.
Pour ma part, en tant que patient, j’ai eu à déplorer la divulgation et l’échange de données médicales me concernant par un confrère de ville à mon insu. Ainsi trahie, la confiance que j’avais en ce médecin s’est trouvée entamée puis anéantie par ses aveux sans regret ni remord. Au comble de la mésaventure, l’Ordre convoqué à cet effet n’aura effectué qu’un examen approximatif des faits. Ainsi, dans son approche « macroscopique », peu enclin à mesurer les nuances et saisir les subtilités de la situation, celui-ci prononcera un avis invraisemblable en faveur du médecin. Pourtant, l’adage « il n’y a pas de médecine sans confiance, de confiance sans confidence et de confidence sans secret » me semble toujours vérifié. Quant au confrère inconséquent et à l’Ordre insuffisant, je leur rappellerai que la médecine est avant tout un art au service des patients.
Médicaments déremboursés dans les grandes surfaces, et après ?
La Sécurité sociale en déremboursant certains médicaments a rompu le contrat qui les unissait. Les prix de ces médicaments ont repris leur indépendance vis-à-vis de la CNAM : ils sont en vente libre.
La grande distribution voit dans cette indépendance une ouverture proche de ce marché qu’elle essaye de conquérir depuis plusieurs années. Pour le bien du porte-monnaie du Français ou pour le sien ?
Cette question en amène une autre : cette politique du médicament, préconisée actuellement, est-elle en faveur des patients ou de la grande distribution ?
En donnant le droit de vente de ces médicaments à la grande distribution, le gouvernement sait que celle-ci va logiquement, pour acquérir ce marché, casser les prix et provoquer la faillite de nombreuses pharmacies. Par cette politique de désertification, la grande distribution obtiendra en quelques années le monopole de la vente de ces médicaments avec la liberté d’en fixer les prix.
Ces médicaments bien que déremboursés gardent leur dangerosité. [Lorsque l’Angleterre a mis en vente libre le Di-Antalvic, celui-ci, consommé sans surveillance, devint à dose énorme le moyen le plus facile pour se suicider.] D’où la demande de la grande distribution de salarier des pharmaciens afin de pouvoir conseiller leur clientèle.
Mais, est-ce la seule raison de ce salariat ? Le but réel poursuivi n’est-il pas de transformer leur parapharmacie en une véritable pharmacie, afin d’obtenir le monopole de la distribution de tous les médicaments. Vouloir conquérir ce marché c’est le considérer comme pouvant devenir très lucratif ?
Les prochains gouvernements auront-ils alors la possibilité d’imposer le prix de vente des médicaments sans donner de larges compensations à ce pouvoir financier qu’est la grande distribution ?
La politique sociale actuelle n’est-elle pas d’étouffer le petit commerce en faveur de la grande distribution sous le couvert (hypocrite) d’augmenter le pouvoir d’achat des Français en faisant baisser les prix ? Politique de courte vue et de paupérisation, car la baisse des prix ne sera que de courte durée (le temps que la grande distribution obtienne le monopole du marché) tandis que les personnes mises au chômage le seront, elles, pour une longue durée.
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