Comment organiser la communication entre les différents médecins qui prennent en charge un enfant et avec les partenaires non médecins sans mettre en péril le secret professionnel ? Le principal outil de communication est le carnet de santé de l'enfant, que les parents ont tendance à présenter en toute occasion. Tout un chacun, depuis l'employé de mairie jusqu'à l'institutrice et l'assistante sociale en passant par la nourrice ou le surveillant de colonie de vacances, peut donc prendre connaissance d'informations susceptibles de nuire à l'intégration ou à l'orientation de certains enfants. Le Dr Jean-Paul Dommergue incite les médecins à rappeler aux parents le caractère de confidentialité du carnet et à éviter eux-mêmes d'inscrire des informations sensibles telles que le score d'Apgar, les items négatifs ou les maladies chroniques. Il constate d'ailleurs que 86 % des psychiatres ne mentionnent jamais leurs interventions, et que les carnets de 41 % des enfants atteints du VIH ne le signalent pas. Quant à l'obligation de mentionner le BCG, une solution peut être trouvée dans ce cas en écrivant au crayon « contre-indication temporaire » et en l'effaçant plus tard.
Une pédiatre de ville évoque le cas de l'un de ses petits malades atteints d'hépatite B : « Je ne l'ai pas mentionné sur le carnet, mais j'ai averti son médecin scolaire. »
Certains plaident pour un double carnet de santé ou d'un second document : l'un à communiquer aux administrations qui le demandent et un autre réservé aux médecins, qui continuent apparemment à y être attachés. Tous les médecins obligés d'intervenir en urgence se félicitent en effet que la plupart des parents (95 % de ceux qui se présentent aux urgences de Necker) pensent à leur présenter le carnet grâce auquel ils peuvent gagner un temps précieux, surtout en cas de diabète, d'hémophilie ou de drépanocytose.
Le Dr Geneviève Richard, médecin scolaire à Paris, évoque le problème posé pour le secret professionnel par le travail en équipe des médecins et des enseignants. Face à des situations qui mettent en jeu la confidentialité sur des conditions de vie familiales ou des maltraitances notamment, il est nécessaire de développer un climat de confiance suffisant pour permettre au médecin de dire « Je m'en occupe » et que cela suffise aux enseignants. Lorsque certaines maladies comme le VIH introduisent un risque pour les autres et pour l'enfant lui-même en cas d'urgence, les médecins peuvent essayer de convaincre les parents ou la personne qui a l'enfant en charge d'en parler avec le directeur de l'école, si celui-ci semble digne de confiance. Un lien entre médecin scolaire et médecin traitant est également souhaitable, à condition que les parents l'acceptent.
Le secret difficile à protéger
Publié le 26/11/2003
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F. C.
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7434
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