Champions d'Europe du secourisme, les Allemands ou les Danois comptent une proportion de personnes formées de l'ordre de 20 à 30 % de la population. Les Français, à l'instar d'autres pays latins comme l'Italie ou l'Espagne, sont très loin derrière : seulement 7 % d'entre eux ont suivi une formation élémentaire aux gestes qui sauvent.
« Nous essayons de remonter la pente en multipliant les actions de communication, par exemple en faisant appel au mannequin Adriana Carambeu pour renouveler l'image un peu vieillotte du secouriste », explique le Dr Pascal Cassan, responsable de la formation aux premiers secours à la Croix-Rouge française.
La journée de demain, dans ce contexte, s'appuie sur la mobilisation des médias et sur une dynamique internationale. Européenne en 2001 et 2002, elle devient pour la première fois mondiale, avec une centaine de pays impliqués sur tous les continents à travers leurs structures nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge.
Partout, dans toutes les langues, le même slogan : « Premiers secours : un geste d'humanité qui fait la différence ».
En France, des animations vont être proposées sur une centaine de sites (parvis d'hôtels de ville, marchés, squares, gymnases, écoles, etc.). « A Paris par exemple, dix-huit points de ralliement sont prévus, chacun avec un petit groupe de six formateurs encadré par un moniteur de premiers secours, précise Emmanuel Hugo, bénévole responsable de l'animation dans la capitale. Les passants se verront proposer une formation express qui, en une heure d'horloge, les initiera à la protection, à l'alerte, à la mise sur côté de victimes sans connaissance ainsi qu'à la réanimation. »
2003 enfants formés
Des efforts particuliers seront soutenus dans les banlieues, comme à Pantin (Seine-Saint-Denis), pour former symboliquement 2 003 enfants dans la seule journée de samedi.
Le cours est gratuit, assorti de la remise d'une attestation, et de l'invitation à poursuivre l'effort avec la formation aux premiers secours : dix heures pour apprendre la conduite à tenir en cas d'hémorragie, d'obstruction des voies d'arrêts aériennes ou d'arrêt cardiaque et dispenser les premiers soins aux blessés et aux brûlés. Au-delà, l'étape suivante, c'est la formation de secouriste.
Alors qu'en 2001 et 2002, 12 000 personnes avaient bénéficié de la formation aux gestes qui sauvent, les organisateurs espèrent cette année atteindre le seuil des 20 000 grâce aux bénévoles mobilisés dans tous le pays, parmi le réseau des 25 000 secouristes que compte la Croix-Rouge française.
« En dix ans, estime le Dr Cassan, nous devrions porter de 7 à 20 % la proportion des personnes formées. »
Outre des opérations grand public comme celle de samedi, des mesures d'ordre réglementaire ou législatif pourraient contribuer à cette mise à niveau. La directive européenne qui impose aux chauffeurs de poids-lourds et de transports en commun d'être formés aux premiers secours devrait être transposé en droit français.
A quand une systématisation, avec l'obligation de formation étendue à tous les candidats au permis de conduire, ainsi que le pratiquent depuis des lustres danois et allemands ? Les Français n'ont tenté à ce jour que de timides expérimentations ponctuelles, comme à Amiens, et encore sous une forme purement optionnelle, sans obligation aucune.
« Peut-être, espère le Dr Cassan, l'Etat français se décidera-t-il aussi à suivre l'exemple de l'Allemagne où la formation est obligatoire dès avant l'école, avec une progression selon le cursus scolaire : à 5 ans, apprentissage de l'alerte téléphonique, conduite à tenir pour arrêter une hémorragie en classe de CE2, soins aux brûlés en CE1, massage cardiaque et réanimation cardio-musculaire en CM2. »
L'adhésion des citoyens
Mais la réglementation sans l'adhésion citoyenne reste sans beaucoup d'effets : la loi fait obligation aux entreprises de former au moins un secouriste par tranche de vingt salariés, mais combien d'employeurs satisfont aujourd'hui à ce quota urgentiste ?
Et pourtant, l'enjeu en nombre de vies, on le sait, est d'importance, avec 10 000 personnes qui seraient sauvées si 20 % des Français maîtrisaient les premiers secours, pour agir simplement dans les quelques minutes qui précédent l'intervention des SAMU et SAU. Les médecins sont naturellement invités à prendre toutes leurs responsabilités dans l'affaire : en sensibilisant les patients, et en s'impliquant dans la formation et la participation bénévole aux examens de secouristes.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature