La septième société américaine (pour le chiffre d'affaires : 100 milliards de dollars, 110 milliards d'euros, et pour la capitalisation) est en faillite. Enron, spécialisée dans la production d'énergie, puis dans la vente des produits de l'énergie, a fait une chute qui a secoué l'Amérique. Son action, qui a atteint 80 dollars, ne vaut plus que quelques cents.
Tout le monde peut faire de mauvaises affaires, ce qui est le cas d'Enron. Mais, pendant quatre ans, les dirigeants de la société ont réussi à camoufler leurs revers financiers, avec l'aide apparente d'une très célèbre société de consultants chargée de surveiller ses comptes, Arthur Andersen.
Le P-DG d'Enron, Kenneth Lay, est l'ami personnel du président George W. Bush et de son père. Il compte des actionnaires et des amis dans l'entourage direct du président des Etats-Unis. Ses employés ont perdu non seulement leur emploi, mais leur retraite, investie dans les actions de la société. L'ordre leur a été donné de ne pas vendre leurs actions, alors même que, juste avant le « crash », M. Lay et d'autres dirigeants vendaient au plus haut, et ramassaient plusieurs dizaines de millions de dollars.
De son côté, Arthur Andersen a fait disparaître les comptes d'Enron dont la technique, vraisemblablement frauduleuse, consistait à présenter invariablement des bénéfices en cachant les opérations de rachat ou les transactions qui, au lieu de rapporter de l'argent, coûtaient des sommes énormes.
Cette affaire fait réfléchir sur les pratiques du capitalisme qui, s'il est vivement encouragé aux Etats-Unis, n'en est pas moins soigneusement contrôlé. Enron et Arthur Andersen ont réussi à contourner le réseau serré de réglements qui leur interdisait de s'adonner à de telles pratiques. Le président de la SEC (Securities Exchange Commission), Harvey Pitt, a déclaré que, si l'enquête qu'elle a ordonnée révélait des actes frauduleux, la SEC se retournerait contre Enron et Arthur Andersen avec toute la vigueur requise. Mais M. Pitt a reconnu aussi que, si de telles fraudes sont encore possibles, cela veut dire qu'il faut réformer les statuts de la SEC et renforcer les contrôles. On ne le lui fait pas dire.
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