LES RESULTATS de l'expérience effectuée par le Fonds mondial pour la nature (WWF) sont nets et précis : le sang des ministres européens contient 55 produits chimiques. En juin dernier, quatorze ministres de l'Environnement ou de la Santé de l'Union européenne se sont prêtés à une prise de sang lors d'une conférence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à Budapest. L'analyse des échantillons sanguins a porté sur le dépistage de 103 produits chimiques dans leur organisme. Les résultats révèlent la présence d'un total de 55 agents chimiques, soit une moyenne de 37 produits par individu. « Les produits trouvés dans le sang des ministres sont utilisés dans les canapés ignifugés, les poêles à frire antiadhésives, les boîtes à pizza qui résistent au gras, le PVC souple, les parfums et les insecticides. Certains sont interdits depuis des décennies, mais d'autres sont toujours utilisés aujourd'hui », selon un communiqué de WWF.
Substances à contrôler.
L'initiative de l'organisation écologiste vise à faire pression sur l'UE qui discute, depuis la fin de 2003, d'un projet de directive très controversé sur l'homologation des produits chimiques. Le texte, connu sous le nom de Reach, soumettrait à autorisation les substances les plus dangereuses, notamment celles risquant de s'accumuler de manière irréversible dans le corps et l'environnement ou de déclencher des perturbations hormonales. « Les ministres sont tous contaminés avec des produits chimiques industriels dont les effets sont largement inconnus », a indiqué Karl Wagner, directeur de la campagne DetoX du WWF.
Parmi les ministres qui se sont soumis au dépistage figure le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier : 37 substances chimiques ont été détectées dans son sang. Le pp DDE, un dérivé du DDT (pesticide interdit dans les pays industriels), est le seul agent chimique retrouvé en concentration « très élevée » dans le sang du ministre français. Les concentrations en produits perfluorés sont également « assez élevées », d'après le communiqué du WWF. Toutes les autres substances détectées ont révélé une concentration « moyenne » (PCB, phtalates) ou « très basse » (hexachlorobenzène, PBDE, muscs synthétiques).
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