APRÈS L’ÉPISODE caniculaire du mois de juillet dernier, durant lequel le ministère et les services d’urgences se sont mobilisés pour éviter que ne se reproduise le drame de l’été 2003, le Samu de France publie un «bilan de la canicule 2006», signé par le Dr Marc Giroud, son président. L’organisation estime que «112décès» sont «directementimputables à la chaleur». Rappelant que «Météo France a classé la canicule de 2006 juste après celle de 2003», elle en tire une conclusion plutôt optimiste : «Cent fois moins de morts qu’en 2003 pour une canicule juste un peu moins forte, c’est indéniablement un succès.»
Au-delà des chiffres, le Samu s’est attaché à décortiquer le mécanisme de prise en charge mis en place en juillet. Premier constat de Marc Giroud : la prévention (c’est-à-dire le contact direct et quotidien avec les personnes âgées) a été un «triomphe». La bataille a été gagnée sur les deux fronts, celui des établissements pour personnes âgées aussi bien que celui des personnes isolées. Le mérite en revient, selon Marc Giroud, «aux acteurs sociaux et aux collectivités territoriales».
Côté hôpital, Marc Giroud estime que l’institution a «assumé ses responsabilités». La communauté des professionnels de l’hôpital s’est mobilisée et s’est «rapidement et fortement impliquée»,tandis que la réunion quotidienne dans chaque hôpital d’une cellule de crise «a permis d’ajuster en temps réel les dispositions à prendre».
Appel au volontariat.
Marc Giroud analyse par ailleurs l’appel au volontariat (en direction des professionnels de santé étudiants ou retraités) lancé par le ministère de la Santé à la veille du pic caniculaire de la fin juillet et juge que ses «effets immédiats ont été relativement limités». Sans doute à cause du fait qu’après cette date, les températures sont rapidement retombées à des niveaux beaucoup plus acceptables. Marc Giroud voit toutefois dans cet épisode l’ébauche de ce que pourrait être le recours au volontariat «dans la perspective de prochaines crises sanitaires, et notamment de la menace d’une pandémie grippale» . Selon lui, les missions qui leur seraient dévolues devraient être «des missions d’appui, permettant de décharger les professionnels de tâches secondaires». Marc Giroud propose à cet effet la constitution d’un «véritable corps des volontaires» et annonce qu’une réflexion est d’ores et déjà engagée, «visant à élaborer une doctrine dans ce domaine».
Du côté des acteurs libéraux de cette canicule, le diagnostic du Dr Giroud est sensiblement plus nuancé. Au sujet des structures d’urgences privées, Marc Giroud regrette qu’une clinique de la région parisienne ait «décidé de fermer son site d’urgences la nuit en juillet et en août». Un choix qui, selon le président du Samu, «donne une indication sur l’idée qu’ils se font eux-mêmes de l’utilité de leur structure et sur leur engagement dans le service d’intérêt général dû aux patients». Marc Giroud propose donc que, à l’occasion de l’application des nouveaux décrets urgences, il soit procédé à une analyse de chaque situation de terrain, «au cas par cas», pour éventuellement réorienter les ressources vers l’hôpital public, estimant que «la place du secteur privé dans l’accueil des urgences n’est que complémentaire et subsidiaire».
Le président du Samu de France n’est guère plus tendre avec les acteurs libéraux de la PDS. «Dans de nombreux secteurs, écrit-il, l’accroissement de l’activité pendant la canicule semble avoir été majoré par les insuffisances de la PDS en médecine ambulatoire, en particulier du fait de la période des congés. La question du renforcement des permanences de secteurs en situation de crise reste donc entière. Il conviendra de la traiter.»
Ces jugements sévères ont déjà suscité des réactions. En particulier, le Syndicat national des urgentistes libéraux de l’hospitalisation privée (Snuhp) rappelle que, contrairement à ce que dit Marc Giroud, quand il juge leur rôle «complémentaire et subsidiaire», les Upatou (unités de proximité d’accueil, de traitement et d’orientation des urgences) privées «voient 15% des urgences, malgré un financement exclusivement destiné aux services d’urgences publics, et malgré une rétention des appels des Samu centre15 vers le secteur privé».
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