Les parents s'interrogent et interrogent leur médecin. Les sacs à dos, de plus en plus lourds, contribuent-ils à l'apparition de déformations rachidiennes, cyphoses, scolioses... ? Risquent-ils d'installer des douleurs rachidiennes périodiques et/ou chroniques ? Doivent-ils être conçus selon des normes précises pour prévenir ces inconvénients ? Doivent-ils imposer des limites de charge maximale admise ?
La polémique sur l'utilisation de ces outils quotidiens a conduit plusieurs universités françaises et américaines à se pencher de façon rigoureuse sur le sujet.
Les deux tiers de la population des pays industrialisés consultent à un moment ou un autre de leur vie pour des douleurs rachidiennes. Il s'agit d'un des tout premiers motifs de consultation d'un médecin. Le coût social de la pathologie rachidienne, en particulier par accident du travail, est l'un des plus importants.
Des recherches fondamentales
Si les données sont confirmées par tous chez l'adulte, qu'en est-il en population pédiatrique ? A l'adolescence, on recense de 10 à 50 % de jeunes ayant souffert de leur colonne dorso-lombaire, sans compter une importante proportion faisant état de douleurs du rachis cervical et/ou des épaules. Les adolescents ayant souffert de leur rachis ont un risque accru de devenir des adultes rachialgiques.
Des facteurs de risque rachialgique ont été identifiés en population pédiatrique : le sexe féminin, le moins bon état général, la participation excessive à des activités sportives, des antécédents de traumatisme rachidien, l'exposition prolongée à des ports de charges sévères, des antécédents familiaux de souffrance rachidienne...
Et, dans près de 50 % des cas, les sacs à dos sont mis en cause par les enfants présentés en consultation pour douleurs rachidiennes.
Mais lorsqu'on aborde l'analyse d'éventuelles corrélations entre port de charge et pathologie rachidienne, on se heurte à une certaine subjectivité des données recueillies.
Les méthodologies plus objectives sont empruntées à la recherche fondamentale et s'attachent à étudier la posture adoptée (en analyse vidéo-informatisée de la démarche), ou encore la consommation ergonomique d'oxygène en fonction de la charge transportée.
On peut, dans ces expériences, faire varier la topographie de la charge (rachis dorsal haut, rachis lombaire plus ou moins haut...), sa répartition (exclusivement postérieure, ou postérieure et antérieure...), la géométrie du dispositif de solidarisation de la charge avec le tronc (sac à conformité enveloppante, ajustée au corps, sangles à la taille ou non, répartition des courroies ou bretelles de suspension scapulaire).
L'extrême diversité et la multiplicité des facteurs impliqués dans la genèse d'algies rachidiennes chez l'adolescent rend difficile la définition des paramètres sur lesquels on peut fonder une action préventive. C'est pourquoi il faut recourir à des analyses de prévalence de la rachialgie au sein de groupes scolarisés selon des modalités et des usages variés du sac à dos.
Les leçons d'observations multicentriques
C'est une étude de ce type qui a été conduite et publiée par le prestigieux groupe hospitalier pédiatrique Alfred du Pont à Wilmington, Delaware. Les adolescents recrutés, au nombre de près de 1 200, étaient scolarisés dans des établissements qui, soit utilisaient le sac à dos, soit, au contraire, bannissaient cet accessoire. De surcroît, dans les groupes utilisateurs du sac à dos, le poids transporté était variable et la durée quotidienne de transport pouvait également varier. Les auteurs sont parvenus à individualiser des groupes homogènes de patients et ont pu établir une relation entre le poids du sac à dos et la survenue d'algies rachidiennes, et entre la durée quotidienne de transport du sac et la fréquence de telles algies.
En revanche, aucune étude publiée à ce jour n'a été en mesure de trouver une relation entre le port du sac à dos et le développement de déformations rachidiennes structurales (scoliose, cyphose).
Confrontées à l'anxiété des familles, de nombreuses sociétés scientifiques chirurgicales orthopédiques ont fini par publier des recommandations de bon sens quotidien pour le choix et l'utilisation des sacs à dos. L'American Academy of Orthopaedic Surgeons rappelle dix commandements à ce sujet :
- en cas de poids anormalement élevé du sac, faire usage d'une sangle abdominale ;
- préférer les sacs à revêtement rembourré et à lanières larges ;
- utiliser les deux courroies scapulaires et s'interdire formellement la mode stupide de chargement sur une seule épaule ;
- régler le niveau du sac environ un travers de main au-dessus de la ceinture ;
- ranger soigneusement à l'intérieur du sac les objets à transporter pour éviter qu'ils ne se déplacent ;
- disposer les objets les plus lourds au plus près du dos ;
- placer souvent les livres dans les casiers individuels pour éviter de les transporter en cours de journée ;
- apprendre et maîtriser les techniques de levage en protection rachidienne (flexion sur les genoux...) ;
- faire un sport régulier de renforcement des muscles rachidiens (randonnée, natation...) ;
- s'équiper si possible d'un double jeu de livre et/ou d'un sac sur roulettes tracté.
La plupart des sociétés chirurgicales orthopédiques s'accordent à rappeler des règles d'hygiène rachidienne et recommandent, sur une colonne vertébrale en croissance, d'éviter une charge supérieure à 15 % du poids corporel. Certaines vont même jusqu'à fixer cette tolérance à seulement 10 % du poids corporel.
Le choix du sac à dos doit donc obéir non pas à la mode, mais à ses avantages. L'utilisation du sac doit reposer sur les règles élémentaires d'hygiène rachidienne. Enfin, le discours médical sollicité par l'usager ou ses parents doit être l'occasion de sensibiliser la population pédiatrique à une prévention orthopédique rachidienne optimalisée à longueur de vie.
Effectifs et coûts en hausse
- Suivant la courbe des naissances, le nombre d'élèves dans les écoles maternelles, en baisse depuis 1991, est désormais en augmentation. Les maternelles devraient accueillir 50 600 élèves de plus cette année et 40 900 à la rentrée 2004. En primaire, la baisse continue cette année (moins 12 400), avant un retour à la hausse en 2004. Au total, le premier degré accueillera près de 6,3 millions d'élèves en métropole.
- Selon la Confédération syndicale des familles (CSF), le coût de la rentrée représente un poids beaucoup plus faible qu'il y a trente ans dans le budget des familles, mais est reparti à la hausse des dernières années, notamment à cause de l'explosion du marché des marques. Il faut débourser cette année en moyenne 17 % du SMIC pour un écolier de CM2, 35 % pour l'entrée en sixième et 60 % pour la seconde. En trente ans, la liste des fournitures nécessaires s'est beaucoup allongée, passant pour la sixième de 40 à plus de 60, le matériel de couture étant remplacé par la calculatrice, par exemple.
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