C’est le vin de l’été par excellence, qui coule frais ou glacé au bord des piscines et qui arrose les réunions barbecues au soleil. Mais il pâtit d’une réputation aussi sévère que tenace : le rosé assénerait un méchant mal de crâne, ne serait-ce qu’après un ou deux verres chez certains buveurs, parfois juste après consommation, parfois le lendemain au réveil. Bonjour la migraine au rosé !
En cause, le caractère supposé trafiqué de ce breuvage fruité et désaltérant, que d’aucuns imaginent dans sa nature même, qui serait le fruit d’un assemblage de vins blancs et de vins rouges. Une idée reçue, contraire à la réalité de son élaboration, le rosé étant tiré de raisin blanc ou de raisin noir à jus blanc selon des méthodes de presse ou de maturation particulières – la réglementation française interdit d’ailleurs de trafiquer blanc et rouge pour donner du rosé.
Mais ce sont souvent les sulfites du rosé qui sont incriminées. Dans le processus de vinification, la fermentation alcoolique libère du soufre, une substance reconnue depuis l’époque romaine comme un conservateur, pour empêcher l’oxydation du vin. Le rosé ne contenant pas les tanins, antioxydants présents dans le rouge, les vignerons compenseraient par des apports en sulfates pour assurer la conservation de leur produit. Et voilà pourquoi vous avez une barre au réveil.
Il n’existe pas d’enquête spécifique sur le rosé, mais des publications sur l’allergie au vin. Selon une étude réalisée sur 4 000 personnes de 20 à 70 ans et publiée par le Deutsches Arzteblatt international (juillet 2012), elle toucherait 8,9 % des femmes et 5,2 % des hommes.
En 2010, une étude danoise a conclu que 8 % des habitants de la planète présentent les symptômes du rhume lorsqu’ils boivent du vin.
Pr Antoine Magnan (CHRU de Nantes)
« L’intolérance aux sulfites n’est pas une allergie car il s’agit d’une réaction inflammatoire non spécifique, liée à l’activation de l’immunité innée suite à l’exposition des cellules aux sulfites et l’on peut la provoquer par un test en double aveugle en faisant ingérer des sulfites.
La liste des aliments et des boissons qui contiennent ces sulfites est longue, mais ils sont surtout retrouvés dans les vins et ils sont présents en quantité plus importante dans les rosés et les blancs que dans les rouges. Les concentrations autorisées sont limitées à 160 mg/L pour les vins rouges et 210 mg/L pour les rosés et les blancs. Et c’est sans doute dans ce différentiel qu’il faut trouver l’ explication de la mauvaise réputation des rosés.
Cela dit, les vins bios contiennent moins de sulfites. En règle général, les bons vins, quelle que soit leur couleur, seront moins toxiques. Les céphalées ne sont pas les maux décrits ; les personnes asthmatiques sont plus sensibles aux sulfites : 5% d’entre elles présentent une difficulté à respirer après consommation et d’autres symptômes sont rapportés – écoulement du nez, éternuements, démangeaisons, voire urticaire ou douleurs abdominales. »
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