ARTS
L'un est célèbre, c'est Friedrich qui, à lui seul, résume l'art romantique ; l'autre est inconnu, c'est Johan Christian Dahl. Ils partagent le même atelier à Dresde, travaillent coude à coude, pourtant le tempérament de chacun s'affirme à travers des sujets semblables.
Alors que Friedrich trahit un esprit anxieux, tendu, emporté dans un état de profonde exaltation mystique figeant le sujet dans une sorte de stupeur, Dahl s'inscrit dans une vision plus évidente du paysage dans sa réalité temporelle, dans l'instant d'une lumière qui le sculpte. Il s'y montre sensible au détail végétal, au déplacement des masses lumineuses, aux ampleurs du ciel chaviré de nuages. Le sublime, chez lui, dépend du sujet choisi plus que d'une volonté personnelle.
Caspar-David Friedrich dématérialise la forme, et joue sur la lumière pour sublimer l'instant, théâtraliser les présences humaines qui y sont énigmatiques. Dans la contemplation des espaces (montagne et mer), il donne la priorité à un mirage qui annonce les mystérieuses visions de Chirico.
Devant l'immensité l'homme n'est qu'une vague silhouette menacée et inquiète. Ce sont des paysages métaphysiques, (d'où l'annonce de Chirico), chose qui est totalement étrangère à Dahl en revanche moderne en sa manière, annonciateur d'une touche nerveuse, ardente, au rythme de l'émotion, à son écoute. Attentif à la réalité en son poids de matérialité, contrairement à Friedrich qui l'allège vers la spiritualité, mais dans une ampleur généreuse, une ardeur émotionnelle fort captivante.
Du même sujet deux regards complémentaires. Les sources vives de l'art moderne.
« Romantique s du Nord ». Musée des Beaux-Arts de Rouen. Jusqu'au 10 décembre. Tous les jours sauf mardi et jours fériés, de 10 h à 18 h. Entrée 30 F.
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