LE PIC d'apoptose pour le sein normal survient au 28e jour du cycle menstruel à la suite de la chute du taux de progestérone. Cette régulation semble être altérée dans les cellules épithéliales de fibroadénomes et de cellules cancéreuses.
Dans les cancers du sein, l'impact de l'apoptose sur la survie n'est pas très clair. Une apoptose intense est le reflet d'un important renouvellement cellulaire, au même titre que la prolifération. Pour les tumeurs de haut grade histologique, où les cellules sont moins différenciées et moins sensibles à la chimiothérapie, l'apoptose est intense, incontrôlée, autonome et peu inductible. Toutefois, l'index apoptotique n'est pas un facteur pronostique fiable, ni de la survie, ni de l'efficacité d'une chimiothérapie néoadjuvante. Pour l'instant, la mesure de l'index de croissance (rapport apoptose/prolifération) a surtout été utilisée sur des cultures de cellules normales ou cancéreuses pour la comparaison de différents traitements hormonaux substitutifs et d'hormonothérapie adjuvante.
Régulation extrêmement fine et complexe.
L'apoptose joue un rôle important dans la physiopathologie du sein, dont les capacités d'adaptation aux différentes phases de la vie féminine sont peu communes. La composante épithéliale du sein reste peu différenciée jusqu'à la première grossesse. Elle sécrète activement du lait pendant l'allaitement, puis subit une apoptose extrêmement rapide après 48 heures de sevrage. En dehors des périodes de grossesse et d'allaitement, le sein semble mis au repos, mais, en réalité, se renouvelle constamment. Au cours de chaque cycle menstruel, on assiste en effet à un pic de prolifération et, quelques jours plus tard, à un pic d'apoptose, concernant environ 5 % des cellules épithéliales. A la ménopause, l'apoptose domine sur la prolifération, ce qui entraîne une involution.
Ces phénomènes sont contrôlés par une régulation extrêmement fine et complexe, encore loin d'être élucidée. L'apoptose dans le sein au repos, qui a lieu le plus souvent au 28e jour du cycle menstruel, est probablement provoquée par la chute des taux circulants de progestérone liée à l'involution du corps jaune. C'est ce que suggère le pic d'apoptose déclenché par l'arrêt d'administration d'acétate de nomégestrol à des cultures de cellules épithéliales mammaires humaines normales.
Les estrogènes semblent avoir un effet dual sur les cellules cancéreuses. Si la présence d'estradiol inhibe l'apoptose des cellules normales et cancéreuses in vitro, de hautes doses d'estrogènes diminueraient la survenue de cancers. Une hypothèse à l'étude actuellement serait d'instaurer une hormonothérapie cyclique chez les femmes ménopausées, alternant périodes de privation d'estrogènes et séquences d'estrogènes à hautes doses.
Joëlle Desreux, CHR de Liège (Belgique), « Progestatifs et Sein ». 8es Journées de l'hôpital Saint-Louis, Paris, organisées par les Laboratoires Besins.
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