LE FAIT est dorénavant indiscutable. Certains allèles du gène HF1 prédisposent à la dégénérescence maculaire liée à l'âge. Une étude publiée par les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine confirme en effet les résultats de trois articles indépendants qui avaient déjà abouti à la même conclusion (« le Quotidien » du 11 mars 2005).
Hageman et coll. (université d'Iowa) ont analysé la séquence du gène HF1 chez 900 patients atteints d'une dégénérescence maculaire liée à l'âge (Dmla) et chez 400 témoins. Ils ont mis en évidence une quinzaine de variations génétiques significativement associées à la cohorte ayant développé la maladie. Le polymorphisme le plus fréquent est détectée chez 50 % des malades et chez seulement 29 % des témoins.
Les travaux de Hageman et coll. ne se contentent pas de corroborer les résultats précédemment publiés. Cette nouvelle étude révèle en effet que si certains allèles du gène HF1 augmentent le risque de Dmla, d'autres semblent au contraire protéger de la maladie. Par ailleurs, il est apparu que les variations génétiques associées à une susceptibilité importante à la Dmla pourrait également augmenter le risque de glomérulonéphrite membranoproliférative de type II. Le gène HF1 et son produit protéique pourraient donc constituer une bonne cible dans le cadre de la prévention et du traitement de la Dmla et de la néphropathie.
Le gène HF1, également connu sous le nom de CFH, code pour le facteur H du complément. Cette protéine est impliquée dans la réponse immunitaire innée. Elle participe à la régulation de l'activation du système du complément.
Un facteur génétique sur le chromosome 1.
Le rôle du facteur H dans l'étiologie de la Dmla a été suggéré pour la première fois après que plusieurs études de cohorte eurent révélé l'existence d'un facteur génétique associé à la Dmla sur le chromosome 1, dans une région qui comprend notamment le gène HF1. Depuis, Hageman et coll. avaient pu établir que les drusen, ces dépôts jaunâtres retrouvés dans l'œil des patients souffrant de Dmla, contiennent du facteur H. Par ailleurs, les facteurs de risques associés à la Dmla (tabagisme, alimentation et âge) sont presque tous connus pour modifier l'activité du système du complément.
Les polymorphismes associés à une susceptibilité accrue à la Dmla et à la glomérulonéphrite membranoproliférative de type II touchent la partie codante du gène HF1. Ils entraînent des modifications de la structure du facteur H et doivent ainsi entraver le bon fonctionnement du système du complément. Les modifications génétiques et les altérations structurelles qui en découlent peuvent en effet perturber l'interaction du facteur H avec les autres protéines du complément ou même empêcher son interaction direct avec les pathogènes. Les allèles du gène HF1 associés à la Dmla pourraient également augmenter la susceptibilité aux infections.
L'ensemble de ces données suggère que des stratégies thérapeutiques visant à rétablir un fonctionnement normal du système immunitaire inné pourraient constituer une solution innovante et efficace pour les malades atteints ou à risque de Dmla.
G. Hagemanet coll. « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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