SEULEMENT certains individus développent des manifestations allergiques, alors que tous sont exposés à des molécules potentiellement allergéniques. L'allergie s'inscrit au croisement d'influences environnementales et de facteurs individuels de susceptibilité, mais ce sont les premières études sur l'agrégation familiale et la concordance entre jumeaux monozygotes qui ont montré la part génétique incluse dans la notion d'atopie.
Les données génétiques restent fragmentaires et, pour certaines, non concordantes. A ce jour, on ne peut parler d'anomalie génétique dans l'allergie, mais de variabilité dans l'expression de ces gènes entraînant une modification (souvent légère) dans leur(s) fonction(s).
L'asthme et les manifestations allergiques sont donc typiquement des affections complexes et hétérogènes. De plus, leur origine multifactorielle reflète l'interaction de plusieurs régions génétiques et de facteurs d'environnement, protecteurs, déclenchants ou aggravants. En effet, peu après les travaux menés par E. von Mutius débouchant sur l'impact des infections (non pathogènes) sur la mise en place de l'atopie (hypothèse hygiéniste), les effets de l'environnement dans l'asthme et dans l'allergie ont pu être démontrés chez l'homme en biologie cellulaire et moléculaire. Elle a révélé une interaction de certains facteurs environnementaux (microbes) et des récepteurs cellulaires exprimés par certains gènes.
Un dernier point critique est de trouver une explication scientifiquement plausible à l'augmentation de prévalence de l'asthme et des allergies. Elle souligne l'influence déterminante des changements environnementaux sur quelques décennies, période trop brève pour refléter une dérive génétique. Des observations déjà anciennes suggèrent que des facteurs environnementaux seraient susceptibles de modifier l'expression des gènes en laissant intact l'ADN. Ces effets épigénétiques pourraient expliquer partiellement la fréquence sans cesse croissante des maladies d'origine allergique.
En 2003, des chercheurs ont montré que le régime alimentaire d'agoutis multicolores peut altérer le phénotype sans changer la séquence d'ADN, mais en changeant le profil de méthylation de l'ADN. Si l'hypothèse de l'hérédité épigénétique se confirme, de nouvelles perspectives s'ouvriraient tant au niveau des allergies que d'autres pathologies. Les mécanismes épigénétiques constitueraient de nouvelles cibles pour la mise au point de médicaments spécifiques.
Conférence de presse à laquelle participaient les Prs A. Grimfeld (président du congrès) et B. David (coordonnateur scientifique), ainsi que D. Château-Waquet (coordinatrice pédagogique).
Trois jours de colloques, à Paris
Les 18, 19 et 20 juin prochains se tiendra à l'Institut Pasteur de Paris le 3e Congrès national d'asthme et d'allergie. Le programme scientifique a été conçu autour de trois thèmes généraux, avec comme originalité cette année d'être organisé sous l'égide de la Société française de santé et d'environnement (SFSE).
La première journée sera consacrée à l'environnement et à la génétique, avec un colloque (parrainé par la SFSE) sur la pollution et ses conséquences, ainsi qu'un symposium international (parrainé par la SFI) sur la génétique de l'asthme et de l'allergie.
Au cours de la deuxième journée, des thèmes d'actualité, « De l'enfant à l'adulte », seront développés sur les nouveaux indicateurs de l'asthme, en dermatologie, sur l'importance du réseau d'allergovigilance dans les cas de plus en plus nombreux d'anaphylaxie très sévère et les allergies alimentaires.
La dernière journée sera, quant à elle, dédiée aux actualités thérapeutiques dans l'asthme et l'allergie chez l'enfant et l'adulte.
La conception des programmes et l'animation des modules seront confiées à l'association Paris Allergie, avec la collaboration méthodologique des allergologues français (SNAF).
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