UN CONSTAT : la prise en charge des conséquences d'un accident est relativement performante, alors que la prévention et la sensibilisation aux facteurs de risque sont moins bien intégrées par les médecins généralistes. « Le cœur du problème se situe dans l'absence d'une formation initiale et continue des médecins sur la prise en compte globale de la sécurité routière, bien que la profession accepte le principe de cette formation comme en témoigne une enquête réalisée au cours du premier trimestre 2002 auprès de 2 621 généralistes », souligne Philippe Lauwick, médecin généraliste et président de la commission sécurité routière de l'Acmf. Cette enquête fait également ressortir que 71 % des praticiens estiment avoir une place prépondérante à jouer. « Et pourtant, combien de praticiens abordent le problème du casque chez le motocycliste ou du siège adapté pour transporter le nourrisson qui lui est présenté pour sa visite du premier mois ? », déplore Philippe Lauwick.
Educateur et conseiller.
« Nous avons un rôle d'éducateur et de conseiller pour la santé de nos patients », a rappelé Christian Michel, généraliste spécialisé dans les conduites addictives et professeur associé à l'université Marc-Bloch, à Strasbourg. Avec des patients de mieux en mieux informés, menacer pour convaincre ne suffit plus. Il faut arriver à dialoguer avec le malade. Le cabinet offre les conditions idéales pour réaliser cette mission. En moyenne, un médecin généraliste consacre 14 minutes de consultation à chaque patient et l'accompagne pendant quatorze ans. Christian Michel invite les médecins à ouvrir le dialogue avec le patient sur l'ensemble des aspects permettant d'améliorer l'efficience au volant (fatigue, vue, médicaments, conduites addictives, etc.). « Les messages doivent être simples et au cas par cas. Par exemple, cela peut être efficace de rappeler que 100 % de ceintures bouclées, c'est 1 000 morts en moins par an. » Non seulement le généraliste peut être le relais des campagnes nationales, mais il peut également avoir recours aux conseils non injonctifs avec des questions ouvertes du type « Avez-vous des soucis pour la conduite automobile ? ».
Christian Michel est conscient de la difficulté d'informer sur les risques liés à la consommation de substances psychoactives (alcool, cannabis, benzodiazépines, opiacés et autres). Il insiste néanmoins : « L'un des aspects de notre pratique est alors de proposer et de faire accepter l'examen de dépistage approprié (biologique, ophtalmologique, neurologique, etc.) , voire d'orienter le patient vers le thérapeute ou la structure de soins adaptés. »
Une visite médicale d'aptitude à la conduite devrait bientôt est mise en œuvre. « Cette mission doit s'adresser à tous les usagers et surtout aux plus jeunes, conclut Philippe Lauwick. Il faut donc élaborer et diffuser les outils et les référentiels destinés à la formation initiale et continue de l'ensemble de la profession médicale en matière de sécurité routière. »
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