LE CARTILAGE articulaire est un tissu conjonctif et hydraté qui assure des mouvements harmonieux au niveau des articulations mobiles. Les chondrocytes, uniques cellules du cartilage, synthétisent et sécrètent des protéines formant une matrice extracellulaire responsable du main- tien du phénotype cellulaire. Les protéines matricielles spécifiques du cartilage sont essentiellement le collagène de type II (Col II) et des protéoglycanes de haut poids moléculaire qui représentent plus de 90 % des protéines matricielles.
Les chondrocytes utilisent les contraintes mécaniques qui s'appliquent sur le cartilage afin de maintenir l'homéostasie de ce tissu. Ils régulent ainsi leurs activités métaboliques via de multiples interactions biologiques et biophysiques avec leur matrice extracellulaire.
Un déséquilibre entre la synthèse et la dégradation.
La principale caractéristique de l'arthrose est un déséquilibre entre la synthèse et la dégradation des protéines matricielles en faveur de la dégradation, associé à une augmentation de la synthèse d'enzymes de dégradation, les métalloprotéinases (stromélysine, collagénase, aggrécanase). Il en résulte une diminution importante des protéines matricielles et une modification du phénotype des cellules avec disparition progressive du collagène de type II, apparition de collagène de type I, normalement non exprimé dans le cartilage, et synthèse d'une matrice fibreuse non fonctionnelle.
Cette augmentation de synthèse des métalloprotéinases est due à des médiateurs pro-inflammatoires, cytokines et facteurs de croissance (IL1b, TNF-a), produits par les chondrocytes et les cellules synoviales.
L'IL1b et le TNF-a jouent un rôle significatif dans la dégradation du cartilage. Le monoxyde d'azote (NO) dont la synthèse via l'inos (Inducible Nitric Oxyd Synthase) est stimulée par les cytokines pro-inflammatoires intervient dans le catabolisme du cartilage et peut aussi induire l'apoptose des chondrocytes.
La prise en charge thérapeutique.
Les différents traitements médicamenteux de l'arthrose ont pour objectif de calmer la douleur, de faire régresser une éventuelle poussée congestive et de tenter de ralentir la progression de la maladie arthrosique. Un traitement médicamenteux à visée antalgique (paracétamol ou anti-inflammatoire non stéroïdien) est presque toujours nécessaire.
Parmi les traitements antiarthrosiques symptomatiques d'action lente, la diacérhéine présente un mode d'action original centré sur l'inhibition de la production d'IL1.
Son action s'exerce également sur le versant anabolique de la maladie en stimulant la synthèse des protéoglycanes, des glycosaminoglycanes et de l'acide hyaluronique. Le délai d'action retardé de 30 à 45 jours de la diacérhéine nécessite parfois une association avec un antalgique en début de traitement.
Ralentir l'amincissement de l'espace articulaire.
Indiquée dans le traitement symptomatique des manifestations fonctionnelles de l'arthrose, la diacérhéine a prouvé son efficacité clinique à travers de nombreux essais thérapeutiques. Elle se traduit par une amélioration de la douleur et du handicap fonctionnel, ainsi que par une diminution globale de la consommation d'Ains et d'antalgiques. Son action se poursuit quelques semaines après l'amélioration de la qualité de vie du sujet arthrosique. A côté de cette efficacité symptomatique, la diacérhéine a démontré une action favorable sur la structure du cartilage invitro et invivo sur des modèles animaux et chez l'homme au cours de l'essai ECHODIAH.
Cet essai a été conçu pour évaluer la capacité de la diacérhéine (comparée à un placebo) à ralentir l'amincissement de l'espace articulaire chez des patients atteints de coxarthrose (critères de l'American College of Rheumatology), sur une période de trois ans.
L'analyse de la population en intention de traiter (ITT) montre que le pourcentage de patients qui s'est aggravé radiologiquement (définis par une diminution radiologique de plus de 0,5 mm de l'interligne articulaire) a été significativement moins important dans le groupe diacerhéine (50,7 %) que dans le groupe placebo (60,4 %). La vitesse annuelle de pincement de l'interligne articulaire est significativement plus lente dans le groupe diacérhéine (0,23 mm/an) par rapport au groupe placebo (0,25 mm/an).
Le Laboratoire Negma Lerads, en collaboration avec plusieurs équipes de chercheurs, continue d'approfondir les modes d'action de la diacérhéine. Les travaux de l'équipe du Pr J.-F. Stoltz sur des chondrocytes humains issus de cartilage arthrosique, stimulés par l'IL1bs, suggèrent que la diacerhéine, à des concentrations thérapeutiques, inhibe la production de NO et d'Inos par les chondrocytes articulaires.
5e symposium sur la mécanobiologie du cartilage et des chondrocytes.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire Negma Lerads avec la participation du Pr J.-F. Stoltz (faculté de médecine, groupe cellulaire et tissulaire, Cnrs, UMR7563 Lemta et IFR 111, Vandoeuvre-lès-Nancy).
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