LA PLACE du stroma et du microenvironnement péritumoral sur les capacités de développement des cancers mammaires reste controversée. Les données actuellement disponibles vont dans le sens de l'existence d'un stroma et de fibroblastes génétiquement normaux, mais qui peuvent contribuer à majorer la mobilité des cellules tumorales et, de ce fait, à augmenter leur potentiel invasif.
L'équipe du Dr Attila Patocs (Cleveland) a recherché l'existence éventuelle d'une inactivation du gène suppresseur de tumeur TP53 ou d'autres altérations génétiques des cellules du stroma qui pourraient contribuer à majorer le potentiel d'agressivité des cellules tumorales mammaires. Pour cela, ils ont pratiqué une analyse génomique sur des échantillons tumoraux issus de 43 patientes atteintes d'une forme familiale de cancer mammaire et de 175 malades présentant une forme sporadique. Les échantillons ont été obtenus par microdissection au laser, ce qui a permis d'analyser dans le même temps le génome des cellules épithéliales tumorales.
Au total, dans un quart des cas, les auteurs ont retrouvé au sein des cellules stromales des mutations TP53 qui n'étaient pas exprimées dans les cellules épithéliales. Par ailleurs, ces mutations étaient associées à une majoration de la perte de l'hétérozygotie à la fois dans les formes familiale et sporadique de cancer du sein. Néanmoins, il semblerait que les femmes atteintes de formes en rapport avec BRCA1 soient plus souvent atteintes de ce type de mutations que les autres patientes.
BRCA1 et p53 régulent de façon coopérative.
Comme l'explique, dans un éditorial, le Dr Liu (Singapour) cette donnée avait déjà était prouvée, puisqu'un travail précédent avait montré que 74 % des femmes porteuses du gène BRCA1 étaient atteintes de mutations sur TP53, contre 42 % des témoins. Cette donnée pourrait être en rapport avec le fait que BRCA1 et p53 régulent de façon coopérative l'induction de 14-3 tau, une protéine qui interagit avec de nombreux signaux protidiques dans les suites de la mise en contact des cellules in vitro avec une substance cancérogène.
Pour les formes familiales de cancer du sein, il semblerait que seul le locus 2p25.1 des cellules stromales soit associé à la mutation TP53, alors que dans les formes sporadiques 66 loci pourraient êtres impliqués. Enfin, l'existence de mutations TP53 au sein des cellules du stroma n'est associée à un risque majoré de dissémination lymphatique que dans les formes sporadiques de cancer du sein.
Dans son éditorial, le Dr Liu précise que ce travail ne permet pas de répondre à la question d'une éventuelle origine commune épithélio-mésanthéliale des différentes cellules porteuses de mutations, puisque celles-ci sont de nature différente. Il estime donc que ce travail doit être complété par une analyse épigénétique des autres mutations possibles des cellules stromales, notamment des fibroblastes, afin de mieux comprendre le lien entre l'environnement local et le degré d'agressivité de la tumeur.
« New England Journal of Medicine », vol. 357 ; 25 ; 2537-2538 et 2543-2551, 20 décembre 2007.
Stroma activé et résistance à la chimiothérapie
L'équipe du Dr P. Farmer a présenté au cours du symposium sur le cancer du sein, qui vient de s'achever à San Antonio (Etats-Unis), une étude sur de nouvelles signatures génomiques issues du stroma qui permettent de prédire la résistance aux chimiothérapies néoadjuvantes contenant de l'épirubicine associée à du fluorouracil et du cyclophosphamide. L'analyse génomique a porté sur 63 échantillons tumoraux négatifs pour les récepteurs aux estrogènes. Les auteurs ont ainsi prouvé que l'existence d'une expression du gène DNC du stroma activé était corrélée pour 53 des patientes à une résistance au traitement contenant de l'épirubicine.
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