L'hôpital a pour ambition de prendre en charge les patients et de contribuer à leur état de santé et ainsi de répondre à toutes les détresses de tous les citoyens, quels que soient leur âge et leurs revenus. Il a également un rôle important dans la formation des médecins et des paramédicaux et dans la recherche. Son rôle, et nous l'acceptons tous, est de prendre en charge les pathologies les plus lourdes, les plus coûteuses et atteignant le plus souvent des patients désavantagés, que ce soit sur le plan financier ou médical. Il a donc pour objectif de soigner les maladies les plus graves, qui relèvent de plusieurs disciplines, qui coûtent cher, et de faire progresser la recherche médicale pour ces pathologies. Il prend également en charge les patients qui, par choix ou par nécessité, préfèrent, pour des pathologies moins graves, le service public. Logiquement, l'hôpital devrait être complémentaire du service libéral privé, qui est plus souple, plus efficace et, par définition, moins encombré de problèmes sociaux, mais également d'investissements lourds.
Les pathologies les plus coûteuses, la chirurgie carcinologique ORL et la pathologie de la base du crâne, notamment, ne sont presque plus faites en ville. D'un autre côté, les interventions sous anesthésie locale qui mobilisent un bloc opératoire sans anesthésiste dites « sans frais de salle d'opération » (tumeurs cutanées sous anesthésie locale, par exemple), soit ne sont plus faites en clinique, soit sont faites en demandant une participation aux patients. Dans les cliniques, les libéraux subissent une pression administrative pour limiter leur activité aux gestes rentables et sont contraints par les textes et les seuils d'activité pour d'autres gestes. Les ORL libéraux rechignent, de plus, à pratiquer certaines interventions (je pense notamment aux amygdalectomies) pour lesquelles les contraintes médicales et législatives sont de plus en plus importantes pour un rendement modéré. Aux deux extrêmes, donc, certaines interventions, soit majeures soit mineures, ne sont donc plus faites en ville et vont relever de l'activité du secteur public ou privé non lucratif.
L'hôpital, de son côté, tente, pour rééquilibrer ses comptes, de faire de la pathologie dite rentable et encourage les activités qui font concurrence à l'activité libérale et aux cliniques sur leurs terrains d'excellence.
Cependant, si l'hôpital doit diminuer ses frais de fonctionnement, il doit également poursuivre ses objectifs. Il ne supportera probablement pas un projet médical trop ambitieux non coordonné avec la ville.
L'idéal, mais cela paraît difficile, serait une répartition concertée des tâches. Peut-être cela passera-t-il par le biais d'un remboursement équilibré des actes afin de ne pas créer d'inégalité, pour permettre a chacun de remplir son rôle sans empiéter ou se défausser sur l'autre.
Hôpital Bichat, Paris.
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