Compléments alimentaires
L'ACCUMULATION de radicaux libres au niveau cellulaire accélère le processus de vieillissement et favorise le développement de pathologies cancéreuses, de cardiopathies ischémiques et d'autres maladies dégénératives. Pour se défendre, l'organisme dispose d'enzymes, de vitamines et autres substances antioxydantes qui agissent en synergie. Dès qu'un maillon de cette chaîne antioxydative est défaillant, le système perd de son efficacité. Le déséquilibre peut venir soit d'une insuffisance des systèmes de défense antioxydants, soit d'une surproduction de radicaux libres provoquée par certaines situations : pollution, tabagisme, excès d'alcool, exposition aux rayons U.V., maladies chroniques ou effets secondaires de certains traitements. Insuffisance d'apports d'antioxydants et surproduction de radicaux libres peuvent coexister.
L'étude Suvimax qui a permis de suivre pendant huit ans une cohorte de 1 3017 sujets présumés sains (7 886 femmes de 35 à 60 ans et 5 141 hommes de 45 à 6O ans), a démontré l'intérêt d'une supplémentation en vitamines et minéraux antioxydants à des doses nutritionnelles. Son objectif principal était d'évaluer l'impact d'un apport quotidien d'antioxydants (capsules contenant 6 mg de bêtacarotène, 120 mg de vitamine C, 30 mg de vitamine E, 20 mg de zinc et 100 μg de sélénium) sur l'incidence et la mortalité des cardiopathies ischémiques et des cancers. Le risque de développer un cancer (tous sites confondus) a été réduit, chez les hommes recevant des antioxydants, de 31 % et le risque de décès de 37 %. Ces effets bénéfiques n'ont pas été retrouvés chez les femmes, mais leur statut en bêtacarotène et en vitamine C était correct au début de l'étude. Les investigateurs estiment néanmoins que l'efficacité de l'intervention micronutritionelle réalisée dans cette étude a été inférieure à ce qu'elle aurait été si elle avait été intégrée à une alimentation équilibrée comportant un plus grand nombre de substances favorables : polyphénols, vitamines B, fibres et acides gras oméga 3. Les conclusions de l'étude Suvimax confirment les recommandations en faveur d'une consommation accrue de fruits et légumes (sources majeures des vitamines et minéraux antioxydants), dans les deux sexes et à tous les âges de la vie.
Des mécanismes de mieux en mieux compris.
Des travaux publiés ces dernières années tendent à démontrer que les radiaux libres agissent en provoquant une instabilité génomique avec activation de certains oncogènes. Et cela, à tous les niveaux de la cancérogenèse : développement de la tumeur, dissémination métastasique (en rapport avec les dommages au niveau des inhibiteurs des protéases) et résistance du tissu néoplasique aux cytostatiques. Des travaux incluant des patients atteints de différents cancers ont mis en évidence, d'une part, une augmentation significative du MDA et de la peroxydation lipidique, et, d'autre part, une diminution des vitamines antioxydantes associée à des anomalies des enzymes antioxydantes (SOD, GPX) impliquées dans le défaut de différenciation et de l'apoptose.
Aujourd'hui, grâce à la mise sur le marché de kits d'analyses standardisés, le clinicien peut diagnostiquer en routine le statut pour un antioxydant donné d'un individu. Il peut, par exemple, étudier un biomarqueur d'altération oxydative membranaire tel que le malonaldéhyde (MDA) ou un produit issu des dommages de l'ADN tels que le 8 hydroxydéoxyguanosine. Il peut aussi analyser simultanément des systèmes de défense antioxydants comme le superoxyde dismutase(SOD) et le glutathion peroxydase (GPX) érythrocytaires et les vitamines plasmatiques.
Le statut antioxydant semble perturbé dans les cancers diagnostiqués et ces perturbations se manifestent plus modérément dans des populations à risque de cancer (fibroadénome mammaire, cervicite, pancréatite chronique). Dans certains types de cancers (colon, foie), les enzymes antioxydants semblent posséder une valeur pronostique. Il est aussi apparu que la chimiothérapie et la radiothérapie induisent des modifications du statut antioxydant. Autre donnée intéressante : le tamoxifène semble jouer un rôle antioxydant. De même, il semble que dans certains cas, les cellules cancéreuses sont capables d'augmenter la synthèse des enzymes antioxydantes, l'élévation de leur taux étant corrélé à une moins bonne réponse du patient à la chimiothérapie.
D'après les communications des Drs D. Malvy (Bordeaux) et N. Zamaria (Paris) lors du 3e Symposium francophone « Alimentation et cancer », avec le soutien des Laboratoires Oenobiol, Sogar, Lero, Arkopharma, Merck, Pharmanord, Synergia, Codifra et Vit'all+.
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