UNE EQUIPE de recherche internationale a identifié un composant du système immunitaire qui semble jouer un rôle clé dans la défense de l'organisme contre le VIH : la molécule HLA-B. Kiepiela et coll. ont effet découvert que, parmi les différents allèles du gène codant pour cette protéine, certains sont associés à une faible charge virale et à un assez bon pronostic pour les malades infectés par le VIH. D'autres, au contraire, laissent présager du pire. Cette découverte pourrait déboucher sur de nouvelles stratégies antivirales.
Les molécules HLA (Human Leucocyte Antigen) de classe I jouent un rôle central dans la réponse antivirale : c'est grâce à elles que le système immunitaire humain apprend à reconnaître et à détruire les cellules infectées. Elles présentent des fragments de protéines exogènes infectieuses à la surface des cellules infectées, permettant ainsi l'activation des lymphocytes T CD8+.
Chez l'homme, il existe trois types de molécules HLA I : HLA-A, HLA-B et HLA-C. Curieusement, on compte beaucoup plus d'allèles du gène codant pour HLA-B (563) que d'allèles HLA-A et HLA-C (respectivement 309 et 167). Il a été proposé que ces différences soient associées à la capacité des molécules HLA à activer les lymphocytes CD8+.
La réponse T cytotoxique.
Pour tester cette hypothèse, Kiepiela et coll. ont analysé des échantillons sanguins prélevés à 375 individus infectés par le VIH. Dans chacun de ces échantillons, ils ont déterminé quelle était la molécule HLA impliquée dans la mise en route de la réponse T cytotoxique. Cette première expérience leur a permis de découvrir que la molécule HLA-B était impliquée dans 67 % des réponses cytotoxiques anti-VIH.
Les chercheurs ont poursuivi leur étude en étudiant le polymorphisme HLA-B chez plus de 700 sujets infectés par le VIH. Ils ont alors observé une corrélation entre la charge virale des malades et la présence de certains allèles HLA-B. Alors que le génotype de locus HLA-A et HLA-C n'a aucune influence sur la concentration plasmatique du VIH, certains variants d'HLA-B sont associés à des charges virales très basses, d'autres à des charges exceptionnellement élevées.
Ces observations confirment donc l'hypothèse selon laquelle les molécules HLA-B ont un rôle prépondérant dans l'activation de la réponse immunitaire antivirale, tout du moins en cas d'infection par le VIH. Elles apportent donc non seulement de nouvelles informations fondamentales sur le fonctionnement du système immunitaire, mais aussi des informations précises sur le mécanisme moléculaire utilisé par l'organisme pour lutter contre le VIH.
« Cette découverte aidera à comprendre précisément comment le système immunitaire peut gagner ou perdre contre le VIH, une donnée nécessaire à une approche rationnelle pour le design d'un vaccin anti-VIH », concluent les auteurs.
P. Kiepiela et coll., « Nature » du 9 décembre 2004, pp. 769-774.
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