Le pemphigus est une maladie auto-immune bulleuse grave, responsable de larges décollements cutanés et de lésions muqueuses érosives. Pendant longtemps constamment mortelle, son pronostic a été amélioré dans les années 1950 avec le recours aux corticoïdes. Mais c’est une pathologie qui reste grave, sans compter les complications liées au traitement corticoïde.
« Il y a une dizaine d’années, le rituximab avait été évalué chez une vingtaine de patients ayant une forme sévère de pemphigus (1). Ce traitement avait permis une rémission dans plus de 80 % des cas », rappelle le Pr Pascal Joly (Rouen). La poursuite des études avec cet anticorps anti-CD 20, déjà utilisé dans les leucémies lymphoïdes chroniques, les lymphomes non hodgkiniens et la polyarthrite rhumatoïde, a montré que les résultats étaient meilleurs en cas d’administration plus précoce. Ce qui a conduit le groupe Bulles de la Société française de dermatologie à faire une étude pour évaluer le rituximab en première intention dans le pemphigus, en réduisant en parallèle la dose initiale de corticoïdes et en les arrêtant après trois à six mois, soit beaucoup plus précocement que les deux à trois ans habituels.
Un effet thérapeutique majeur
Cette étude prospective multicentrique de phase III a donc comparé le traitement standard, de décroissance de la corticothérapie, versus le rituximab associé à des corticoïdes chez 90 patients ayant un pemphigus nouvellement diagnostiqué (2). Malgré la diminution rapide des corticoïdes, le taux de rémission complète à 24 mois est passé de 34 % avec le traitement classique à 89 % avec le rituximab, donc un effet thérapeutique majeur. L’épargne de corticoïdes a été très notable : « Les doses reçues ont été trois fois moindres, et l’incidence des effets secondaires divisée par deux », précise le Pr Joly. Et les effets secondaires sévères (grades 3 et 4), principalement diabète et troubles endocriniens, ont été plus fréquents dans le groupe prednisone seule.
Il s’agit donc d’un vrai pas en avant dans la prise en charge de cette pathologie. Un dossier de demande d’AMM a été déposé auprès de la Food and Drug Administration et de l’Agence européenne des médicaments.
« Il est très rare qu’une étude purement académique aboutisse à une AMM », souligne le Pr Joly, avant de préciser que le rituximab est également évalué dans d’autres maladies auto-immunes bulleuses, comme la pemphigoïde cicatricielle.
exergue : Il est très rare qu’une étude purement académique aboutisse à une AMM
Entretien avec le Pr Pascal Joly, chef de la clinique dermatologique du CHU de Rouen, centre de référence national sur les maladies bulleuses auto-immunes
(1) Joly P et al. N Engl J Med. 2007 Aug 9;357(6):545-52
(2) Joly P et al. Lancet. 2017 May 20;389(10083):2031-40
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