Les cardiologues appellent au dépistage des pathologies cardiaques chez les jeunes athlètes, deux fois et demie plus souvent victimes de mort subite que les adolescents ou jeunes adultes non sportifs.
Fort heureusement, la mort subite chez ces jeunes athlètes est considérée comme un événement rare ; cinquante cas environ sont diagnostiqués chaque année aux Etats-Unis, mais les accidents restent tragiques et leurs conséquences désastreuses.
Dans une étude d'observation, une équipe italienne cordonnée par le Dr Domenico Corrado (Padoue, Italie) a étudié l'incidence de la mort subite (MS) chez les jeunes athlètes et non athlètes italiens. L'étude porte sur une population de jeunes âgés de 12 à 35 ans habitant dans la région de Veneto qui rassemble 1 386 650 personnes, au sein de laquelle les auteurs ont dénombré 112 790 athlètes (90 690 hommes et 22 100 femmes). Tous les cas de MS survenus chez les résidents durant la période d'étude ont été scrupuleusement analysés et classés selon l'exercice physique pratiqué.
Dans cette période d'observation qui s'étend de 1979 à 1999, les auteurs recensent 300 cas de MS, soit une prévalence de 1 pour cent mille personnes. Cinquante-cinq sont survenues chez des athlètes (soit un taux de 2,3 pour cent mille personnes par an) et 250 chez les non-athlètes (0,9 pour cent mille par an). Le risque relatif entre athlètes et non-athlètes était de 1,95 chez les hommes et de 2,02 chez les femmes. La variation de l'origine aortique de l'artère coronaire était la cause la plus fréquemment associée au cas de mort subite, suivie des cardiomyopathies arythmogènes.
Les deux tiers des cas non « étiquetés »
Les résultats de l'étude italienne diffèrent des données américaines qui plaçaient la cardiomyopathie hypertrophique en tête des étiologies de MS chez les jeunes, responsable de 36 % des cas, alors que les anomalies congénitales des coronaires ne ressortent que dans 19 % des cas et les dysplasies ventriculaires, dans 3 %. En fait, selon l'étude menée dans la région de Boston, les cas de mort subite documentés énumèrent plusieurs étiologies, dont le syndrome du QT long, le syndrome de Brugada, le Commodio cordis, l'abus de drogues, l'asthme. Dans la majorité des cas, la cause est difficile à identifier : les deux tiers des adolescents sont asymptomatiques. Les différences observées entre les données américaines et italiennes sont vraisemblablement dues aux modalités de recrutement : dans l'étude italienne, les athlètes avaient tous effectués un ECG avant la pratique d'un sport de compétition pouvant identifier les cardiomyopathies hypertrophiques.
Les Italiens recommandent dans leur stratégie de prévention que les adolescents soient en possession d'un certificat d'aptitude et qu'ils aient bénéficié d'un examen clinique et d'un ECG, les Américains s'en tiennent aux recommandations de l'AHA-ACC qui n'imposent pas de certificat d'aptitude, mais insistent sur la rigueur de l'examen clinique, estimant que l'ECG est peu performant dans ce cas.
D'après la communication du Dr Domenico Corrado « Does Sport Activity Enhances the Risk of Sudden Death in Adolescents and Young Adults ? A Prospective Population Based Study? »
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