C’EST INTRIGUANT et paradoxal. Plus les femmes avancent en âge et plus leur fécondité diminue, plus elles ont de risque de grossesse gémellaire. Comme ce phénomène n’a jamais été réellement exploré, S. N. Beemsterboer et coll. (Amsterdam, Pays-bas) ont mené une enquête échographique et biologique afin d’en confirmer la réalité et de tenter de l’expliquer.
La confirmation a été apportée par une étude sur 507 femmes de 24 à 41 ans subissant une insémination intra-utérine, sans stimulation, entre 1995 et 2003. Un total de 959 cycles a pu être étudié. Sur ces 507 volontaires, 105 étaient porteuses d’au moins 2 follicules de plus de 14 mm de diamètre, au moins au cours d’un cycle. L’âge moyen de ces femmes était de 36,1 ans, alors que celui des femmes n’ayant que des ovulations uniques était de 34,6 ans (p = 0,009).
Déclin du feed-back de l’ovaire.
L’hypothèse explicative de ce phénomène est fondée sur les taux de FSH. En raison du déclin du feed-back de l’ovaire avec l’âge, les taux de l’hormone s’élèvent, favorisant les ovulations multiples. Des dosages ont donc été réalisés chez les patientes. Sur la totalité du groupe, le taux de base de FSH était plus élevé (p = 0,008) chez les femmes ayant des follicules multiples (10,3 ± 8,7 UI/l DS), contre des taux de 7,7 (± 6,2 UI/l DS) chez celles ayant des ovulations simples. Dans la tranche des 24-29 ans, les taux de FSH étaient similaires, qu’elles aient des ovulations simples ou multiples. En revanche, lorsque plusieurs follicules étaient détectés chez des femmes plus âgées, les taux de FSH étaient majorés : chez les 30-34 ans, 8,7 contre 6,2 UI/l ; chez les 35-41 ans, 11,5 UI/l contre 8,7).
Cependant, ces ovulations en nombre ne conduisent généralement pas à des grossesses multiples, en raison de la moindre qualité des ovocytes. Mais si au moins deux follicules contiennent des ovocytes de bonne qualité, une grossesse multiple est tout à fait possible.
Une étude antérieure avait montré, d’un point de vue épidémiologique, que la prévalence de grossesses gémellaires augmente de 300 % entre 15 et 37 ans. Mais cet accroissement se fait surtout dans la tranche d’âge 35-39 ans.
« Human Reproduction », 23 février 2006.
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