CINEMA
DE NOTRE ENVOYEE SPECIALE
RENEE CARTON
L A Bosnie, ce n'est pas loin. 1992, ce n'est pas loin. Bosniaque travaillant aujourd'hui en Belgique et en France, Danis Tanovic a, en tant que documentariste, mis en boîte des kilomètres et des kilomètres d'archives sur cette guerre si proche et déjà oubliée. Lui n'a pas oublié et boucle en moins de deux heures une parabole réaliste et drôle qui en dit plus que de longs discours anti-militaristes.
La bonne idée de « No man land » est d'enfermer dans une tranchée, entre les deux lignes ennemies, un soldat serbe (un « bleu » qui ne connaît rien aux armes) et un combattant bosniaque. Malgré les haines réciproques bien ancrées (« C'est vous qui avez commencé la guerre », dit chacun des soldats à l'autre, comme deux enfants qui se disputent), une sorte de fraternité se construit entre eux, celle de deux individus face à l'absurdité. Autour de ce no mans land, le réalisateur inspiré va convoquer les vrais acteurs de ce conflit, ceux qui meurent n'y jouant que des rôles de second plan : les forces de l'ONU (« Voilà les Schtroumpf », dit l'un des combattants) et les médias.
Et c'est un festival d'incompétences, de lâchetés, de cirque télévisuel tandis que les malheureux soldats espèrent qu'on va les sortir de là.
Tanovic se moque de la Forpronu (Français, Anglais et Allemands à la même enseigne du ridicule) et des médias en général sans faire de ses personnages des pantins. Même les baudruches aux commandes ont un semblant d'humanité et la journaliste prête à tout pour un scoop (Katryn Cartlidge) saura peut-être tirer les leçons de l'aventure. Au spectateur*, après avoir bien ri, d'en faire autant.
* Le film devrait sortir en France à l'automne.
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