« J E rentre à la maison » se situe « sous le ciel de Paris » (référence musicale explicite et vision de la Tour Eiffel illuminée dans l'attente de l'an 2000, sans oublier quelques embouteillages bien parisiens). Celui qui va rentrer à la maison est un comédien de théâtre pur et dur, qui déclame Ionesco et Shakespeare et refuse les téléfilms à cause de la violence et des scènes de lit. Et quand il acceptera de jouer dans un film américain (d'après « Ulysse », de James Joyce et dans le texte original), ce sera la catastrophe.
Il est vrai que le vieil homme vient de vivre un drame familial. Un drame que bien sûr on ne verra pas. Pas plus que le film ne s'appesantira sur ses circonstances ou sur les réactions des uns ou des autres. Ce que montre Oliveira, ennemi des explications, c'est la vie de tous les jours, le rituel du café, la promenade dans les rues, les jeux avec le petit-fils.
Pas d'arrière-plan non plus. On ne sait rien d'autre de cet homme que ce qu'il est dans l'ici et le maintenant. Cela suffit pour dire la vieillesse et le deuil. Et pour, au passage, évoquer la création contemporaine, ses bonheurs et ses limites (la violence, la pornographie). C'est du cinéma minimal, qui ne montre rien de plus que ce que les personnages sont en train de faire, avec des comédiens priés de jouer sans pathos et avec un minimum de raideur.
De cet exercice inhabituel, Piccoli se tire avec élégance et le poids de son âge et de son expérience. Catherine Deneuve fait une petite apparition, John Malkovich s'amuse de son rôle de metteur en scène mégalomane.
Comme d'habitude, le cinéaste portugais nous laisse perplexe et, malgré nous, touchés. Comme il a su toucher le jury du prix Bresson : il est le deuxième lauréat de ce prix créé en hommage au cinéaste français et parrainé par le Vatican, destiné à couronner des uvres qui constituent un « témoignage significatif » de la « recherche du sens spirituel de la vie ».
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