Muguette a 38 ans quand survient une période difficile. « Je vis une totale remise en question. Comment poursuivre la peinture alors que ma créativité s’essouffle ? », dit-elle, plongée dans ce souvenir. Pour répondre à son questionnement, elle part à Haïfa et à Tel Aviv avec des peintres israéliens. De retour à Paris, elle décide la reprise des études de médecine ! L’artiste s’efface pour faire place au médecin. Elle reprend en 5e année. Remariée à Mondher Ben Milad, critique de peinture et fondateur des cahiers de la peinture, elle travaille 3 années à l’hôpital de Tunis. « J’ai vécu au cœur de la Médina en harmonie avec ma belle- famille. L’interne que j’étais, apprécie le travail à l’hôpital. Le champ médical est totalement ouvert. Tout est possible ! J’aime exercer la médecine avec les infirmiers et les médecins tunisiens très forts dans leur domaine. » La pratique médicale acquise en cardiologie, gynécologie et pneumo physiologie s’achève par la présentation de sa thèse sur « l’ankylostomiase en Tunisie ».
« Mon travail est suivi par un grand parasitologue, le Pr Lucien Brumpt. À la première lecture il assène : ce n’est qu’une compilation, retournez à Tunis et faites une vraie étude de terrain ! Il retrousse sa manche et me montre son bras. Il s’était inoculé des ankylostomiases », se souvient- elle avec amusement. À 43 ans, l’artiste Bastide devient le Dr Ben Milad. Infatigable, Muguette s’investie dans plusieurs spécialités médicales.
Elle travaille ensuite sur les kystes hydatiques en médecine agricole. Puis entreprend une spécialisation en médecine du travail sur « la faute inexcusable de l’employeur ».
Elle fait des remplacements. La relation financière avec le patient l’embarrasse. « J’ai du mal à faire payer mes consultations, d’ailleurs c’est pareil pour mes tableaux », avoue-elle. Muguette décide d’être salariée en médecine du travail. Elle intègre en 1970 la société ACMS* de Montparnasse. À 54 ans, elle se spécialise encore en médecine légale sur « la réparation des dommages corporels ». Jusqu’à sa retraite en 1992, Muguette exerce la médecine sans discontinuer et surtout sans peindre.
*Association interprofessionnelle des centres médicaux et sociaux de santé au travail de la région Ile de France
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