L'attentat qui a fait vingt morts, dont dix Américains, et des dizaines de blessés à Ryad, en Arabie saoudite, indique que les réseaux terroristes n'ont été que très provisoirement affaiblis.
Le nombre des victimes et le fait que trois voitures étaient piégées montrent aussi que les mesures de protection d'un quartier peuplé surtout par des étrangers étaient insuffisantes. Or ce n'est pas la première fois que des actes de terrorisme, notamment contre des Américains, sont commis en Arabie saoudite. On savait en outre que l'invasion de l'Irak se traduirait fatalement par une recrudescence des attentats, ce qui nécessitait une vigilance accrue.
Le réseau d'Al Qaïda n'a jamais vraiment quitté la scène. Nombre de ses membres ont été tués ou capturés, ils ont été remplacés. Et si, comme nous continuons à le croire, Oussama Ben Laden est bel et bien mort, les terroristes n'ont pas besoin de lui pour accomplir leurs basses œuvres.
Les dirigeants saoudiens doivent maintenant tirer la leçon du triple attentat. Apprentis sorciers, ils ont encouragé le fanatisme et certains d'entre eux ont continué à le faire après le 11 septembre. Qu'ils soient les victimes désignées de ceux qu'ils ont formés au fondamentalisme démontre la folie de leur entreprise : ils ne peuvent perpétuer leur régime en flattant une haine qui n'est pas réservée qu'aux « infidèles » et se retourne maintenant contre eux-mêmes.
Les attentats sont une catastrophe pour le régime saoudien. Maintenant que les Américains sont installés en Irak, ils commencent à évacuer l'Arabie où leur présence avait été considérée comme un casus belli par Ben Laden, lequel ne tolérait pas la présence d'étrangers chrétiens sur une terre sainte musulmane. Mais s'ils quittent l'Arabie, c'est moins pour satisfaire les fanatiques fondamentalistes que pour exprimer d'une certaine manière leur méfiance à l'égard du gouvernement saoudien, à la fois engagé dans la lutte contre le terrorisme et fournisseur de bataillons intégristes. Certes, l'antiaméricanisme n'est pas moins virulent en Arabie qu'ailleurs. Mais le problème de ses dirigeants, c'est que leur système féodal n'a aucune légitimité. C'est en ouvrant leur société, en abandonnant les principes anachroniques du wahhabisme et en instituant un système démocratique qu'ils satisferont, à terme, leurs administrés, qui continuent à se multiplier à un rythme que la croissance ne peut absorber. En vingt-cinq ans, le produit per capita a été divisé par quatre en Arabie. Et tout le pétrole du désert ne suffira pas à améliorer le niveau de vie des Saoudiens.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature