Une absence de parallélisme clinique

Le retentissement psychologique de l’acné chez l’adolescent

Publié le 07/12/2006
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Visage, cou, haut du dos

L’acné polymorphe juvénile ou acné de l’adolescent atteint 60 à 90 % des adolescents. Réel problème de rétention sébacée plus que d’hypersécrétion sébacée, cette maladie chronique bénigne disparaît généralement spontanément aux alentours de 20 ans, parfois plus tard. Le pic de fréquence de cette affection dermatologique se situe aux alentours de 16-18 ans (plus tôt chez la fille). Le seul facteur de risque est la génétique, l’âge précoce de survenue représentant un facteur de gravité. Parmi les facteurs de protection, on retrouve le tabac et la contraception orale. L’acné prédomine sur le visage, le cou et le haut du dos.

Au stade de début, des microkystes et des comédons sont présents sur le visage ; sur le dos et le décolleté, quelques papules-pustules peuvent se rencontrer. Il s’agit d’une acné rétentionnelle. Au stade suivant, il existe des éléments rétentionnels (microkystes et comédons) ainsi que des éléments inflammatoires (papules et pustules). Les lésions les plus inflammatoires laissent parfois des cicatrices, macules atrophiques ou cicatrices creuses. Enfin, l’acné grave de l’adolescent prédomine sur le dos. Elle associe des kystes, des comédons, des nodules et des pustules ; la séborrhée y est très importante. Cette forme grave commence tôt dès la puberté et l’acné prend très vite un aspect inflammatoire.

Insupportable

L’acné est l’affection dermatologique où peut exister le plus d’écart entre l’intensité des lésions et le retentissement psychologique. Des lésions minimes non cicatricielles peuvent avoir un retentissement psychologique important. Le patient considère ses follicules pilo-sébacés dès le stade de microkyste, voire celui de pore dilaté, comme anormaux et insupportables. Cela s’explique notamment par le fait que les lésions d’acné se développent le plus souvent sur le visage et à l’adolescence.

Blessure

L’adolescence, en effet, représente un moment où les relations avec autrui et le besoin de se valoriser aux yeux des autres sont au centre des préoccupations. Le jeune a besoin de se sentir aimé, accepté et valorisé en dehors de sa cellule familiale : il risque donc de vivre les lésions d’acné comme un obstacle dans son projet d’adolescent, une blessure narcissique. Différentes études ont montré que l’acné induit une gêne relationnelle chez 25 % des jeunes au collège et au lycée, et de façon plus fréquente chez la jeune fille (avec un pic entre 12-13 ans) que chez le garçon (pic plus tardif vers 16-17 ans). Pourtant, tous les jeunes ne semblent pas réagir de la même manière. En effet, une certaine dysmorphophobie semble bien réelle dans cette affection dermatologique, où le retentissement psychologique n’est pas forcément en rapport avec l’importance de l’acné, et ces pathologies « affichantes » de l’adolescence sont peut-être paradoxale- ment le moment de la vie où elles sont le plus faciles à vivre.

Peau de bébé

Pour certains psychiatres, la question se pose de savoir si ce n’est pas l’entourage (père, mère, grands-parents...) de l’adolescent qui ressentirait mal l’acné : tout se passant comme si, à une période où le jeune est en train de gagner son indépendance, sa mère voulait le voir revenir à sa peau de bébé.

D’après les communications de J. Azoulay et J. E. Revuz lors de la 20e Journée de dermatologie pédiatrique de l’hôpital Trousseau.

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8068