DANS L'ENSEMBLE, le ministre de la Santé se félicite : pour éviter l'engorgement des hôpitaux en cas de canicule, le dispositif d'accueil a bel et bien été renforcé dans les établissements par rapport à l'an dernier. « Globalement, souligne Philippe Douste-Blazy, les objectifs d'ouverture de lits d'hôpitaux ont tous été atteints, voire dépassés » (voir carte).
Selon les chiffres du ministère, 90 % des lits seront ouverts en août (94 % l'étaient en juillet) - le rapport de la commission d'enquête sur la canicule, publié en mars, faisait état pour 2003 de taux d'ouverture des lits de 93 % en juillet et de 87 % en août. Objet de satisfaction particulière pour les pouvoirs publics : les régions touristiques, qui « montrent une bonne adaptation aux flux migratoires » d'été. Ainsi, en août, sur le littoral atlantique, les taux de lits disponibles seront compris entre 91 et 94 % ; en Provence-Alpes-Côte d'Azur, ils seront de 95 % en moyenne ; quant à la Corse, elle « mobilise la quasi-totalité de ses lits ».
Ombre au tableau.
Reste une grosse ombre au tableau et le ministre de la Santé ne l'occulte pas : la région parisienne. Là en effet, Philippe Douste-Blazy a été « alerté d'un taux d'ouverture de lits inférieur à celui escompté ». « La situation, reconnaît-il, est déjà tendue. » A l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), 76 % seulement des lits seront ouverts en août ; 82 % dans les autres hôpitaux de la région. Le bât blesse particulièrement en soins de suite - à l'AP-HP, 630 lits sur 3 500 sont fermés au lieu des 500 prévus -, dans les services de chirurgie - 62 % de disponibilité des lits à l'Assistance publique ; 55 % en dehors - et dans les services de néonatologie - 71 % de disponibilité à l'AP-HP, 84 % en dehors. Pourquoi cette exception francilienne ? La faute au manque de bras. « Donner des congés aux personnels et laisser les lits ouverts, c'est un peu difficile », explique Rose-Marie Van Lerberghe, la directrice de l'AP-HP. D'où la décision, prise par Philippe Douste-Blazy et Dominique Bussereau, secrétaire d'État au Budget, d'autoriser jusqu'au 30 septembre, en cas de catastrophe sanitaire, tous les hôpitaux d'Ile-de-France à recourir aux heures supplémentaires, au-delà du plafond réglementaire de 15 heures par mois, pour les personnels hospitaliers non médicaux volontaires. Accueillie favorablement par les directeurs d'hôpital, la mesure ne sied pas au Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf) qui y voit un moyen de « déréglementer le travail ». Dans l'hypothèse d'une nouvelle canicule, l'urgentiste est également inquiet de la mise en œuvre de certaines dispositions du plan canicule : il dénonce l'insuffisance des moyens donnés à l'hospitalisation et aux urgences « dans les grandes agglomérations et notamment à Paris ».
Le président de l'Amuhf salue en revanche le « travail considérable » fait en matière de prévention. Un chapitre du plan que Philippe Douste-Blazy vient d'étoffer encore en annonçant l'ouverture d'une ligne « Canicule Info Service » au 0 821 22 23 00 (0,12 euro la minute) et en expliquant qu'en cas de canicule, trois jours avant son arrivée et pendant toute sa durée, des spots radio et télévisés rappelleront au grand public les conseils essentiels de prévention.
Les ministres sont sur le pont
Philippe Douste-Blazy comme Xavier Bertrand veulent faire oublier aux Français l'épisode de l'interview télévisée de Jean-François Mattei - depuis sa maison de vacances, l'ancien ministre minimisait l'an dernier les conséquences de la vague de chaleur alors que les médecins urgentistes avaient déjà sonné l'alerte face aux premiers décès.
Visitant le week-end dernier huit hôpitaux parisiens pour s'assurer que chaque établissement était prêt à faire face à une éventuelle canicule, l'actuel ministre de la Santé et de la Protection sociale a donc promis : « En cas de coup de torchon, je serai là. » De fait, on indique au ministère que Philippe Douste-Blazy n'a pas programmé de vacances particulières et qu'il sera le plus souvent à Paris, avec des « allers et retours » vers des lieux de repos. Mêmes projets pour le secrétaire d'Etat à l'Assurance-maladie, Xavier Bertrand, qui ne prévoit que des week-ends prolongés dans son fief de Saint-Quentin, dans l'Aisne.
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