Le rétablissement de la spécialité de gynécologie médicale est enfin en bonne voie

Publié le 05/09/2002
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Après cinq ans de bataille et de multiples péripéties, la gynécologie médicale est sur le point de redevenir une spécialité à part entière, à la grande satisfaction de ses défenseurs.

Signé par le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, le décret rétablissant le diplôme correspondant (supprimé en 1984) a été adopté par le Conseil national des études supérieures et de la recherche (CNESER) ; il doit encore être soumis au Conseil supérieur des hôpitaux puis au Conseil d'Etat avant sa publication, théoriquement d'ici à la fin de l'année 2002, au « Journal officiel ». Ce texte prévoit la création de postes d'interne de gynécologie médicale dès la rentrée 2003.
Le comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM), qui se félicite que la volonté politique s'affirme, a décidé de prendre de l'avance sur le projet en suggérant aux nouveaux internes de s'inscrire dès à présent en gynécologie médicale, si tel est leur souhait. Une circulaire a été envoyée en juin à l'ensemble des DRASS (directions régionales des Affaires sanitaires et sociales) ; elle leur demande d'ouvrir dès la rentrée 2002 une trentaine de postes réservés à la gynécologie médicale.
Actuellement, la France n'offre que huit postes d'interne spécifiquement dévolus à cette spécialité (5 en Ile-de-France, 2 dans le Nord, 1 en Aquitaine). Or le comité a calculé qu'il en faudrait au moins 80 par an pour maintenir les effectifs actuels de gynécologues médicaux.

Appel à candidatures

« Sachant que les 170 postes d'interne de gynécologie-obstétrique accordés en 2001 n'ont pas été totalement pourvus et qu malgré cela, le Conseil national des études médicales a décidé d'en attribuer 200 pour 2002, nous demandons que les 30 postes supplémentaires soient réservés à la gynécologie médicale », résume le Dr Gisèle Jeanmaire, coprésidente du comité de défense de la gynécologie médicale. Il reste quelques jours aux internes pour remettre leur grille de choix de spécialités. Quand ce sera fait, le comité pourra mesurer le succès de la nouvelle spécialité dans les régions. Le Dr Jeanmaire est pour sa part déjà convaincue que les candidats ne feront pas défaut. « J'ai eu une quantité d'appels d'internes cet été, essentiellement des femmes, enthousiastes à l'idée de suivre cette filière dès la rentrée », rapporte la gynécologue.
« C'est tant mieux, car il y a urgence, poursuit-elle. Les effectifs de notre profession dégringolent très vite. Nous étions encore 2 000 début 2000 pour assurer le suivi gynécologique de plus de 10 millions de femmes, contre seulement 1 700 quelques mois plus tard. »
Les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous peuvent aller jusqu'à un an dans quelques départements ; certains gynécologues refusent déjà de prendre de nouvelles patientes. Et si rien n'est fait rapidement, ces spécialistes ne seraient plus que 1 000 en 2010 et 500 en 2020.
Une fois le nombre de postes d'internes fixé, restera à définir le contenu de la formation. Elle consisterait, comme pour les autres spécialités, en quatre ans de formation et 250 heures d'enseignements. Le comité souhaite qu'elle prévoit trois semestres obligatoires en gynécologie-obstétrique et chirurgie gynécologique, le reste se déroulant essentiellement dans des spécialités médicales.
Enfin, la dernière étape est la création d'une sous-section autonome au Conseil national des universités qui permettrait la nomination d'enseignants en gynécologie médicale. « Ce serait un signal fort de la volonté du gouvernement de rétablir l'enseignement de gynécologie médicale et de pérenniser la spécialité », explique le Pr Anne Bompel, secrétaire générale du CDGM.

Delphine CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7171